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Intervention de Antoine Poussier

Réunion du jeudi 7 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Antoine Poussier, Préfet de la Guyane :

À propos des moyens et des dispositifs, nous avons en premier lieu besoin de renforcer notre aéromobilité. Les modèles Puma de l'armée de l'air seront remplacés par des Caracal, en 2025. Nous en attendons un niveau de disponibilité et des capacités supérieurs. Ces équipements sont importants, dans le cadre de la mise en œuvre de l'ensemble des politiques publiques – tant pour lutter contre l'orpaillage illégal qu'en cas d'opération de crise.

En termes de dispositifs réglementaires ou législatifs, j'adhère aux propos de M. Fereira. En effet, l'aléa guyanais le plus important est lié à la présence de populations qui se sont installées de façon illégale dans des zones très dangereuses. En effet, on estime que la Guyane compte 100 000 logements et que 30 000 ou 40 000 relèvent d'habitats spontanés. Ce phénomène n'est donc pas marginal. Aussi toutes les dispositions qui permettront de le résorber progressivement réduiraient-elles l'aléa et participeraient-elles de la maîtrise du risque.

Je crains en effet que le dispositif ORSEC ne prenne pas véritablement en considération la question de l'habitat spontané. Il ne prend pas en compte le fait qu'un véhicule de secours ne soit pas en mesure de pénétrer dans certains quartiers guyanais. Le squat Bambou, le plus grand de Guyane, n'est associé à aucune adresse et les voies de circulation ne sont pas aux normes. Lorsque le SDIS ou le Samu doivent y intervenir, les habitants conduisent la personne blessée ou victime d'un malaise à l'entrée du squat. Les services ne peuvent pas y pénétrer.

Je crois ainsi dans tous les dispositifs – à l'instar de ceux que prévoit la loi ELAN – qui nous permettent de lutter contre l'habitat spontané, de le résorber progressivement ou de le transformer. En effet, certains ont pris une telle ampleur, en Guyane, qu'il est illusoire de penser qu'ils pourront être complètement détruits. Une partie seulement est détruite et l'autre aménagée et urbanisée.

Je ne dispose pas néanmoins des chiffres relatifs à l'assurance habitation. La couverture est à mon sens assez peu élevée. En revanche, j'ai récemment reçu la fédération des assurances et il semble que celles-ci n'émettent pas de refus, comme ce peut être parfois le cas aux Antilles, en lien avec les risques cyclonique et sismique. Les difficultés ont plutôt trait au taux de pauvreté des populations guyanaises et au phénomène migratoire : 36 % de la population est étrangère ; 45 % de ces étrangers relèvent de la classe active et sont âgés de 30 ans à 55 ans.

Nous disposons du reste de conventions de coopération avec les deux États frontaliers. Néanmoins, nous nous attendons plutôt à les aider que la situation inverse. En effet, le Suriname ne dispose pas des capacités des États-Unis. Nous y sommes intervenus récemment, à la suite d'un accident minier.

La Guyane est par ailleurs frontalière du Brésil, mais avec son état le plus pauvre, l'Amapá. Les moyens dont le pays dispose ne sont pas extraordinaires. L'Amapá compte néanmoins une population nombreuse et fait partie des compléments sur lesquels nous pouvons compter, sachant qu'Oiapoque se situe à deux heures de route de Cayenne. Dans le cadre de certains risques courants, des scénarios de coopération intéressants peuvent être imaginés.

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