Monsieur le président, on pourrait penser que vous avez porté malheur aux usagers de la ligne Clermont-Ferrand-Paris. Quarante-huit heures après votre venue à Clermont-Ferrand, les retards se sont encore accumulés.
Bien entendu, ces dysfonctionnements ne tiennent en rien à la malchance. Notre ligne, comme beaucoup d'autres, souffre d'un sous-investissement chronique depuis des années mais aussi d'un manque d'investissement immédiat et à venir. Cette ligne devient impraticable, avec un retard de plus de trois heures qui survient tous les quinze jours et la suppression de 150 trains entre décembre et février.
Je suis aussi inquiète pour la sécurité des usagers. Les syndicats de cheminots m'indiquent que les opérations de maintenance sont de moins en moins menées et vos annonces sont franchement ridicules. Seulement dix kilomètres de voies sécurisées et clôturées et pour le reste, c'est la fédération des chasseurs qui va tout régler. Une locomotive de réserve positionnée sur la ligne est présentée comme la solution miracle sur les réseaux sociaux, alors que c'était la norme, il y a encore quelques années, d'avoir des locomotives en réserve sur les lignes.
Vous nous promettez que 100 % des locomotives seront révisées d'ici la fin de l'année, mais avec quels moyens humains ?
Il y a aussi les petites lignes, ces petites lignes du quotidien, qui ferment et qui nourrissent le sentiment de déclassement des zones rurales.
Je pourrais aussi vous parler de l'échec catastrophique des premières semaines du train de nuit entre Paris et Aurillac. L'Auvergne, comme de nombreuses régions, est abandonnée par la SNCF mais aussi par le Gouvernement qui vient de supprimer par décret 7,5 % du budget des infrastructures de transport.
Alors que le train doit être la pierre angulaire de la décarbonation de nos mobilités, le ministre des transports a même ouvert la porte à l'augmentation des liaisons aériennes pour compenser les défaillances du train. À l'heure de l'urgence écologique, délaisser le train pour l'avion n'a aucun sens.
Enfin, le plan de la SNCF pour 2024 indique des réductions d'allers et retours sur les lignes Paris-Dijon, Paris-Nancy et Paris-Grenoble ainsi que l'ouverture à la concurrence du transport de voyageurs au niveau national, ce qui ne présage rien de bon pour les lignes peu rentables. Pourtant, vous l'avez dit, la SNCF est une entité structurellement bénéficiaire.
Alors, qu'allez-vous faire du 1,3 milliard d'euros de bénéfices réalisés en 2023 pour les TER et les Intercités, mais aussi pour augmenter les salaires au lieu de combattre le droit de grève ?