À chaque fois que vous avancerez et que vous protégerez les droits des femmes et des minorités, vous nous trouverez à vos côtés. La journée historique d'hier en est la preuve et cette délégation constitue un espace précieux de travail transpartisan.
Mais à chaque fois que vous menacerez et inquiéterez les associations féministes, nous ne laisserons rien passer. Ainsi des propos que vous avez tenus il y a quelques semaines, parce qu'une ministre à l'égalité ne devrait pas dire ça, ne devrait pas charger, menacer ou intimider les associations qui agissent partout où l'État ne le peut pas et qui sont les piliers des avancées de nos droits. Que vous vous indigniez des femmes victimes de terrorisme et de crimes de guerre partout dans le monde peut s'entendre et je le comprends, mais il n'est pas acceptable, à l'heure où le backlash contre les féministes dans notre société est si grand, que vous pointiez du doigt et fragilisiez celles-là mêmes sur qui nos droits reposent. Tout ça pour finalement ne rien trouver : « Tout ça pour ça ? »
Vous avez annoncé une mission sur les violences sexistes et sexuelles pour « comprendre les mécanismes à l'œuvre, pour changer les règles dans tous les lieux où une domination hiérarchique s'exerce, où une relation d'autorité existe ». Je suis un peu surprise et j'espère que vous pourrez nous éclairer, parce qu'il me semble que l'expertise des associations est déjà là, que les causes des violences sexistes et sexuelles sont déjà connues et les mécanismes identifiés. Aujourd'hui, au-delà des garde-fous, c'est d'égalité réelle dont nous avons besoin, comme vous et la Première ministre Élisabeth Borne l'avez dit. On a besoin d'agir au niveau de la prévention, de la formation et de donner des moyens aux acteurs qui en ont la charge. De quels moyens disposerez-vous, une fois cette mission achevée, alors que l'on sait que 7 millions d'euros seront retirés au programme 137 dédié à l'égalité entre les femmes et les hommes ? Je ne parle même pas des coupes dans les services de santé et la justice qui, on le sait, sont des piliers dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et la prise en charge des victimes.
Aujourd'hui, dans l'hémicycle, vous avez tenu un propos fort : « Quand les femmes parlent, il faut leur dire que nous les croyons et les écoutons », dont je vous remercie. Mais je crois que les femmes qui ont été victimes de violences, notamment au sein de votre famille politique, auraient voulu entendre ces propos plus tôt et pourraient reprendre les mots de Judith Godrèche adressés au monde du cinéma : « Depuis quelque temps je parle, je parle et je ne vous entends pas. » Je suis heureuse que vous les entendiez aujourd'hui et je nous souhaite d'agir collectivement à leurs côtés.