Intervention de Bruno Le Maire

Réunion du mercredi 6 mars 2024 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Bruno Le Maire, ministre :

Je voudrais tordre le cou aux remarques qualifiant d'insincères les prévisions du Gouvernement. Depuis sept ans que je suis ministre des finances, les prévisions de croissance ont toutes été tenues à 0,1 ou 0,2 point près, à l'exception de la crise du covid ; il en va de même pour les prévisions de déficit public. Je vous redonne les chiffres de croissance prévus pour la France de septembre à novembre 2023 par les organisations internationales : 1,3 % pour le FMI ; 1,2 % pour l'OCDE et 1,3 % pour la Commission européenne. Donc, ne dites pas que la prévision de 1,4 % de croissance pour 2024 établie par le Gouvernement au moment de la présentation du PLF était insincère et éloignée des prévisions des instituts internationaux. Ces derniers ont révisé leurs prévisions au plus tôt en janvier et la plupart en février. Comme toujours depuis sept ans, le Gouvernement a fait preuve de sincérité. L'Allemagne a révisé de 1,1 point sa prévision de croissance en février 2024. En revanche, nous tirons immédiatement, par souci de responsabilité, les conséquences des risques géopolitiques matérialisés en mer Rouge, au Moyen-Orient et en Ukraine, couplées à la chute de la croissance en Chine.

Vous êtes peu nombreux à vouloir changer de logiciel et vous pensez encore que c'est la dépense publique qui alimente la croissance ; nous pensons au contraire que ce sont les réformes de structure – simplification, évolution de l'assurance chômage, attractivité – qui la stimulent.

La défense de la sincérité par le Rassemblement national, c'est l'hommage du vice à la vertu, monsieur Tanguy : en matière d'insincérité, vous n'avez de leçon à recevoir de personne. Marine Le Pen défend dans Les Échos la réduction des dépenses publiques et l'équilibre des comptes publics ; encore faut-il émettre des propositions pour parvenir à ces objectifs, or Mme Le Pen souhaite nationaliser les autoroutes pour un coût de 50 milliards d'euros, exonérer d'impôt sur le revenu les contribuables de moins de 30 ans – ce qui fera un immense plaisir aux jeunes millionnaires –, diminuer la TVA et augmenter le minimum vieillesse, le tout pour une dépense globale de 120 milliards d'euros supplémentaires. On ne peut pas se promener partout dans le pays en annonçant de nouvelles dépenses pour être populaire, puis écrire dans Les Échos une ode à la rigueur pour paraître vertueuse. Il y a deux fils qui se touchent au Rassemblement national, mais peut-être est-ce ainsi que fonctionne ce parti.

Monsieur Guiraud, je le redis, nos évaluations de déficit et de croissance sont sincères.

Personne ne connaît le montant des recettes fiscales des mois à venir : nous attendons d'en savoir davantage pour décider d'élaborer ou non un projet de loi de finances rectificative, et aucune décision n'a été prise à ce stade.

Les évaluations des agences de notation ne me concernent pas ; ma préoccupation, ce sont les Français. Nous n'agissons pas pour les agences de notation, mais pour faire face au nouveau contexte géopolitique et pour traduire notre conviction de devoir tenir les comptes publics pour renforcer la puissance nationale.

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