En annulant 10 milliards d'euros de crédits pour maintenir le déficit à 4,4 % du PIB alors que la croissance n'atteindra que 1 % en 2024, vous avez commis deux erreurs. La première est démocratique, puisque vous vous êtes exonérés de l'avis du HCFP qui vous avait mis en garde en octobre sur le caractère optimiste de votre prévision de croissance ; vous vous êtes également dispensés du débat parlementaire en vous limitant à une simple audition devant la commission des finances : comme pour l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution, il n'y a rien d'illégal, mais la prise d'un décret d'annulation de crédits à la limite du plafond autorisé moins de deux mois après avoir fait adopter en force le PLF illustre l'intensification du caractère autoritaire de votre politique économique.
La seconde erreur est économique : à l'heure où le chômage augmente et la croissance décline, vous faites le choix d'une nouvelle compression budgétaire après celle de 16 milliards instaurée par la loi de finances initiale. Une telle politique, couplée à celle de la BCE de hausse continue des taux d'intérêt, renforcera l'effet récessif et vous contraindra à opérer de nouvelles coupes d'ici à quelques mois pour tenir votre objectif de déficit de 4,4 % du PIB. Se concentrer sur le déficit quand la situation économique se détériore revient à répéter les erreurs du passé, qui nous ont conduits dans le mur, et à refuser de répondre aux besoins sociaux et écologiques de notre pays.
Pourquoi ne pas aller chercher l'argent là où il est en augmentant les impôts des plus riches par la taxation des dividendes ?