La récente décision du Conseil d'État du 13 février 2024 imposant aux chaînes une définition du pluralisme qui excède la seule comptabilisation du temps de parole des responsables politiques s'applique, contrairement à ce qu'ont tenté de faire croire certains, à tous les médias bénéficiant d'une fréquence de diffusion et non à CNews seulement. Cela soulève des problèmes différents selon les chaînes. Celles qui font se succéder les éditorialistes en plateau devront veiller à la pluralité des points de vue ; celles qui produisent des émissions d'information plus classiques – journaux télévisés, magazines d'enquête, reportages – devront plutôt s'interroger sur les invités, les experts et les lignes éditoriales.
Vous connaissez sûrement le travail que le collectif Médias citoyens publie sur les réseaux sociaux, avec la volonté de promouvoir « des médias intègres, déontologiques et non populistes ». Nous ne sommes pas ici pour juger de sa pertinence ni pour examiner dans le détail les programmes qu'il critique, mais pour mettre en exergue les conditions du respect du pluralisme des opinions. Or nous ne pouvons ignorer la contribution de ce collectif, même si vous la trouvez probablement orientée. Sans la moindre intention d'agressivité, je voudrais donc savoir comment vous jugez les recommandations à l'audiovisuel public qu'il a émises dans le cadre des états généraux de l'information.
Le collectif qualifie l'absence de décompte des invités non politiques de « véritable angle mort de la loi sur l'audiovisuel », notant que certains programmes atteignent « 80 à 90 % d'invités appartenant à un seul camp idéologique (gauche ou gauche radicale) au détriment de toutes les autres sensibilités ». Pour « éviter l'omniprésence d'experts militants », il suggère de mieux identifier les intervenants et leur orientation idéologique. Il dénonce le fait que certaines « émissions d'information et d'investigation reprennent les marqueurs idéologiques d'un seul camp, imposant par là une seule représentation du monde (le plus souvent anticapitaliste, anti-État, favorable à l'écologie radicale…) ». Entendez-vous ces critiques ? Les jugez-vous légitimes, ne serait-ce que partiellement ?
Au-delà, avez-vous l'intention d'élaborer des mécanismes de respect du pluralisme permettant l'application de la décision du Conseil d'État, en anticipation des éventuelles dispositions qu'émettra l'Arcom ?