Ces accusations sont très graves. Vous parlez d'antisémitisme, mais je ne sais pas si un tribunal s'est prononcé. Les personnes dont nous parlons n'ont pas tenu de propos antisémites. Ce sont des Palestiniens qui ont pu prononcer des discours militants – actuellement, ils sont loin d'être les seuls. Nous les avons recadrés, nous avons traduit la charte de déontologie du groupe en arabe et nous avons précisé ce qui distingue le militantisme du journalisme.
J'insiste : la situation ne favorise pas la nuance. Nous ne devons pas être les seuls à subir ce genre d'accusations. France 24 reste parmi les chaînes en arabe les plus nuancées et les plus équilibrées.
Quant à l'Afrique, je ne comprends pas ce qu'on nous reproche exactement. Je sais certes que la diplomatie française n'est pas sans conséquences sur nos audiences ou même notre présence, puisque nous avons fermé au Mali, au Niger, au Burkina et en Russie. Nous servons aussi de bouc émissaire aux puissances étrangères qui ne peuvent s'en prendre directement à la France, qui suspendent notre diffusion ou nous attaquent. Mais ma modestie et celle de nos journalistes ne nous autorisent pas à penser à l'inverse que nous pourrions causer des déboires à la diplomatie française. Votre remarque m'étonne fort.
Par ailleurs, nos journalistes ont la conscience aiguë de travailler pour le service public, donc pour l'intérêt général. Notre charte est très précise. Encore une fois, si l'on veut nous attaquer, les tribunaux sont là pour appliquer la loi – et à ma connaissance, il n'existe pas de procédure en cours. Dans le cadre de nos contrats d'objectifs et de moyens, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères nous a octroyé une dotation spécifique pour développer des projets de proximité à Dakar, à Bucarest et à Beyrouth. Il me semble donc qu'il nous porte une confiance totale. Si vous estimez que c'est infondé, demandez-lui des comptes. Mais je ne comprends pas vos reproches.