J'entends ce que vous dites. Malheureusement, dans le monde qui est le nôtre, et parce que nous sommes financés par de l'argent public, il me paraît nécessaire de m'assurer de l'utilisation optimale de nos ressources. Faire des économies là où cela est possible ne me semble donc pas un problème en soi. Néanmoins, il ne s'agit pas, de mon point de vue, de l'objectif de la holding.
Dans le domaine du numérique, il faut être regroupés pour être puissants ; or nous ne le sommes pas aujourd'hui. Dans les régions comme dans les outre-mer, les radios, les télés et le web ont aussi besoin d'être regroupés pour être puissants et élaborer une offre beaucoup plus localisée ; ils ne le sont pas non plus. De même, nous pourrions gagner en puissance de négociation si nous avions, par exemple, une direction des achats unique : cela nous permettrait de faire ces fameuses économies ou de réinvestir dans l'offre de programmes, qui est le cœur de notre activité.
Ainsi, l'objectif premier de la holding n'est pas de faire des économies, même si je pense, pour être tout à fait franche avec vous, qu'elle devrait permettre d'en faire à l'avenir. Le regroupement de six entreprises audiovisuelles publiques aurait évidemment cet effet.
Je parle d'expérience. Figurez-vous que la constitution de France Télévisions en entreprise unique ne date que de 2010 – il s'agissait auparavant d'une holding regroupant une myriade de sociétés. Mes prédécesseurs ont posé des pierres essentielles à cette construction, notamment en signant en 2013 un accord collectif réunifiant les divers statuts hérités de toutes les entreprises précédentes. Depuis ma nomination, il y a près de neuf ans, je me suis attachée à créer une rédaction unique, une direction des programmes unique et une direction des antennes unique. Ce n'était pas simple, mais cela nous a permis de proposer non pas une juxtaposition d'offres, mais une offre pensée de manière globale : le soir, nous diffusons de la fiction sur une chaîne, un documentaire sur une autre, un spectacle vivant sur une troisième. Cet éclectisme de chaque instant nous a permis, ces dernières années, de faire progresser nos audiences. La construction de cette communauté de destin et cette réflexion globale sont à l'origine de notre réussite.
Nous avons, d'une certaine manière, fait le tour de la question à France Télévisions. L'importante question de la « re-régionalisation » du réseau France 3 se pose désormais. Nous avons l'intention de le faire ensemble, avec la présidente-directrice générale de Radio France, et nous avons d'ailleurs déjà commencé ce chantier, qui n'est pas simple mais qui constitue un enjeu pour l'avenir. Cela fait partie des choses que nous devons accélérer.