L'acceptabilité des cartes de risques et donc des contraintes à l'aménagement constitue effectivement un point sensible, dans la mesure où nous avons affaire à des espaces insulaires très étroits. Dès lors, ces sujets nous renvoient à la notion de risque « acceptable ». Naturellement, il ne s'agit pas d'exposer les populations à des dangers récurrents, mais de penser l'espace et de faire prendre conscience que le risque n'est pas identique d'un territoire à l'autre en raison des contraintes et des particularités de ces derniers.
Ensuite, pour avoir commencé à travailler aux Antilles à la fin des années 1980, je peux témoigner que la culture du risque et la prévention ont connu de considérables progrès au fil des ans. Le risque lié aux cyclones est bien identifié en raison de leur récurrence, mais celui associé aux volcans et aux séismes a également fait l'objet d'avancées. Désormais, il importe de ne pas relâcher l'effort et de soutenir sans cesse, non seulement les institutions que nous représentons, mais également tous les relais de la société civile – comme les associations – qui relayent cette culture du risque. À ce sujet, il me semble nécessaire de mettre encore plus l'accent sur ce qui me semble être le parent pauvre de la culture du risque : les mouvements de terrain, qui sont particulièrement accentués, notamment à la Martinique. Beaucoup reste à faire en la matière, par exemple pour la construction ou la gestion des eaux.
S'agissant d'Haïti, le pays ne dispose pas de réseaux de mesure, qui sont essentiels pour la prévision et l'anticipation. Néanmoins, le retex s'est avéré assez fructueux, dans les deux sens. De notre côté, nous avons pu faire bénéficier les Haïtiens d'informations concernant le zonage sismique et la prise en compte du risque associé dans l'aménagement, notamment à Port-au-Prince. Simultanément, nos professionnels ont enrichi leurs connaissances dans l'analyse de la vulnérabilité. En Haïti, nous avons pu étudier des cas concrets de bâtiments construits selon les règles parasismiques françaises ou les codes américains, et qui ont parfaitement résisté aux secousses. Pour ma part, je travaillais sur les mouvements de terrain à l'époque et nous avons pu constater de grands phénomènes d'instabilité, à travers des glissements côtiers qui ont affecté ce que nous appelons les cônes d'alluvions. Nous avons ensuite pu transférer ces connaissances et les prendre en compte dans les zonages que nous avons réalisés sur nos territoires. Quoi qu'il en soit, ces confrontations et ces retours d'expérience sont vraiment extrêmement importants.