S'agissant du volet météorologique, une réelle culture du risque s'est développée outre-mer, autour du risque cyclonique. Chaque année, une quinzaine de tempêtes et ouragans voient le jour dans le bassin Atlantique, et les territoires français sont frôlés par au moins un système dépressionnaire. Chaque année, en moyenne, au moins une tempête tropicale passe à moins de cent kilomètres de la Martinique, de la Guadeloupe et des îles du Nord. Il existe donc une véritable acculturation à ce risque et les populations gardent évidemment en mémoire les phénomènes les plus violents qui ont pu frapper les territoires.
À Saint-Martin et Saint-Barthélemy, l'ouragan Irma de 2017 représente le « scénario du pire » : c'était la première fois qu'un ouragan de catégorie 5 frappait directement un territoire habité des Petites Antilles. À la Guadeloupe, la référence demeure l'ouragan Hugo de 1989, qui reste dans les mémoires comme un événement extrêmement dévastateur. Il existe donc une mémoire collective du risque cyclonique sur ces territoires et le lancement de la saison cyclonique chaque année au mois de juin constitue l'occasion de rappeler les bons réflexes pour se prémunir de ce risque statistiquement très élevé sur ces territoires. Il faut d'ailleurs souligner que le nord de l'arc antillais représente la zone la plus exposée aux phénomènes les plus violents. Lors des trente dernières années, six ouragans majeurs sont passés à proximité immédiate de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Il s'agit là des deux territoires français les plus exposés aux ouragans les plus violents.
Ensuite, vous avez évoqué la question du maillage et je tiens à insister sur le fait qu'en matière de prévisions de trajectoire, d'immenses progrès ont été accomplis. Nous travaillons à partir de modèles globaux ou locaux, mais également en partenariat avec le National Hurricane Center de Miami, qui est le centre régional de référence pour la prévision des phénomènes cycloniques dans cette région du monde. En matière de trajectoire, les modèles offrent des résolutions de dix à cinq kilomètres et permettent d'établir des prévisions de très bonne qualité. Le défi porte plutôt sur la prévision de l'intensité et des impacts. À titre d'exemple, l'ouragan Otis a frappé cette année Acapulco avec une intensification très rapide, qui n'avait pas été anticipée par les modèles.
En résumé, Météo-France se focalise vraiment sur la prévision des impacts à l'échelle locale, c'est-à-dire la quantité de pluie attendue, la hauteur des vagues et la force des vents sur les différents points du territoire. Pour y parvenir, nous disposons d'un modèle à la résolution très fine, à maille kilométrique, qui prend notamment en compte la topographie de l'île, les effets de relief et les effets d'accélération. Les outils sont donc du même niveau que ceux disponibles en France métropolitaine.