L'embauche est presque une question de priorité nationale. Il est assez légitime, quand on n'a pas d'attache dans l'île et que la situation devient difficile, de vouloir repartir dans l'Hexagone pour mettre son enfant en sécurité. En revanche, une personne ayant un lien fort avec le territoire aura moins envie de repartir – elle en aurait d'ailleurs moins l'opportunité – et plus envie d'aider. Nous devons inciter notre jeunesse à se former et faciliter son retour dans le territoire pour y travailler.
S'agissant des aides financières, la part la plus importante provient des assurances, qui ont dépensé 835 millions à Saint-Barthélemy. Ces sommes colossales ne sont pas toutes déboursées localement. Quant à l'État, il participe, dans le cadre d'un pacte capacitaire, au cofinancement de l'achat de matériels, en l'occurrence un camion de sapeurs-pompiers. D'autres aides, moins importantes, existent également.
Concernant la gestion des déchets, la dernière barge évacuant des débris post-Irma est partie de Saint-Barthélemy en décembre 2023. La principale difficulté tenait non pas au nombre de tonnes de déchets mais à la complexité des solutions à trouver. Nous sommes capables dans une certaine mesure de les traiter et de les détruire dans notre territoire, grâce à l'usine d'incinération, mais la collectivité a dû mettre des terrains à disposition pour entasser tous les débris avant d'entamer un travail de négociation pour trouver des territoires capables de les récupérer. Or chacun d'eux veut s'assurer qu'il sera capable de gérer les volumes qu'il recevra. Lors de la dernière opération, la discussion pour trouver un prestataire possédant une barge – dont la mise à disposition a coûté quelque 500 000 euros, ce n'est pas accessoire – et organiser l'évacuation a duré environ un an et demi, tant le sujet est complexe.
Les règles de construction jouent un rôle très important. La qualité du bâti est en effet un gage de solidité. La rédaction des parties construction et habitation de notre réglementation d'urbanisme est d'ailleurs en cours et des normes bien précises seront fixées en matière de risques naturels ; j'espère que nous pourrons les adopter avant la fin de l'année. Il faut être capable d'anticiper un phénomène majeur tel qu'un ouragan, car il génère énormément de casse et de très nombreux déchets. Ce n'est pas évident à gérer sur un plan matériel. Ainsi, les climatisations ont dû être changées dans la quasi-totalité de l'île dans les deux ou trois ans qui ont suivi Irma, avec un apport très important immédiatement après le phénomène. C'est un sujet majeur. Bref, nous sommes capables de mettre des terrains à disposition pour stocker les déchets mais nous sommes tributaires ensuite de la capacité d'autres territoires à les réceptionner.