Je tiens à exprimer ma gratitude pour l'occasion qui m'est offerte de présenter notre politique de gestion des risques naturels majeurs à Saint-Martin, dans un contexte marqué par le passage de l'ouragan Irma en 2017 et par les efforts de reconstruction qui l'ont suivi.
Il m'incombe de souligner l'importance cruciale de la collectivité de Saint-Martin au sein du dispositif d'organisation de la réponse de sécurité civile, plus communément nommé plan Orsec, de la préfecture de Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Notre collectivité constitue en effet un maillon essentiel de la coordination et de l'exécution des actions visant à protéger nos concitoyens et à restaurer notre territoire après la survenance de crises. Mme Illidge vous présentera les divers dispositifs que nous avons instaurés depuis 2017.
La phase de reconstruction qui a suivi Irma a présenté des défis notables, du fait notamment des retards liés aux troubles qu'a suscités l'approbation du plan de prévention des risques naturels (PPRN) en 2019. Suite au retrait de la première mouture de ce PPRN, à l'issue de fortes mobilisations dans les rues de Marigot, des réunions de concertation et des formations ont été organisées dans les quartiers. Ces dernières ont facilité la prescription d'un nouveau PPRN en 2021.
Cette approche a contribué à accélérer la reconstruction en zone littorale en même temps que la réduction de la vulnérabilité. Elle a permis, par exemple, le lancement de la construction de l'hôtel Beach Plaza, à Marigot, sur le fondement d'une décision consciente de ne plus autoriser l'aménagement de chambres au rez-de-chaussée. La collectivité a entrepris des projets de grande envergure, en particulier l'édification du collège 600 à Quartier-d'Orléans et du collège 900 à La Savane, conçus pour faire face aux risques futurs. Ils pourront servir d'abris anticycloniques, ce qui doublera la capacité existante.
De plus, la conception d'un centre consacré à la gestion de crise, qui renforcera notre résilience, est en cours. Nous étudions en parallèle le projet de construction d'une cité administrative, nécessaire au regroupement de l'ensemble des services de la collectivité. En effet, beaucoup de nos bâtiments ayant été sérieusement endommagés par Irma, nos services sont actuellement éparpillés dans des locaux dont la location nous coûte très cher.
Nous observons une amélioration significative de notre collaboration avec la préfecture et les différents services de l'État, qui se traduit par une préparation conjointe de notre territoire et une protection renforcée de la population. Cependant, il est crucial de souligner que le suivi des dossiers est entravé par un turnover persistant à la préfecture – relevé par la recommandation n° 16 du rapport de la délégation sénatoriale aux outre-mer sur les risques naturels majeurs, déposé le 24 juillet 2018.
Les fonds européens ont joué un rôle déterminant dans la réalisation de divers projets, en particulier le déploiement d'outils de mesure dont nous manquions cruellement lors du passage de l'ouragan Irma : un marégraphe au port de Galisbay, un radar météo à Saint-Peters, ainsi qu'un houlographe, installé grâce au projet Carib-Coast mené par le Bureau de recherches géologiques et minières, dans le cadre des programmes Interreg.
La coopération avec Sint-Maarten a été consolidée par la signature d'un arrangement administratif en matière de gestion de crise, en 2019, et d'un memorandum of understanding, un protocole d'entente ayant pour objet l'approvisionnement en eau de la partie française par l'usine de production située du côté hollandais, en décembre 2023.
En ce qui concerne la préparation et la réponse sanitaires, nous reconnaissons la nécessité impérieuse d'anticiper le suivi psychologique de la population à long terme, eu égard à la pénurie actuelle de professionnels en psychologie dans notre territoire.
Par ailleurs, nous envisageons de discuter avec l'État de la possibilité de privilégier le recrutement de personnel médical local, afin d'endiguer les départs constatés dans le secteur de la santé. Le problème est d'ailleurs le même dans le secteur éducatif : suite au passage dévastateur d'Irma, plus de 80 % du corps enseignant du territoire de Saint-Martin a abandonné l'île pour se réfugier à Pointe-à-Pitre ou même en métropole. Dans le secteur médical donc, 80 % du personnel de santé a quitté le navire, vidant l'hôpital de sa substance. Ceux qui sont restés, dont je salue le dévouement à la cause saint-martinoise, ont tenu la maison. Mais le départ de tant d'enseignants, jusqu'à leur retour forcé par l'éducation nationale, a reporté la rentrée scolaire de 2017 à la mi-octobre, et le secteur de la santé a été paralysé pendant la même période. D'où notre insistance, que je souligne encore, sur la nécessité pour notre collectivité de disposer d'un personnel enseignant et d'un personnel de santé stables, alors que nous ne produisons pas suffisamment de personnel qualifié dans ces secteurs.
Nous sommes pleinement conscients des obstacles que nous devons surmonter et des enseignements tirés de notre expérience de l'ouragan Irma. Nous nous engageons résolument à renforcer notre résilience, à améliorer notre coordination avec les autorités locales et nationales, et à optimiser l'utilisation des ressources à notre disposition pour assurer la protection de nos concitoyens et la reconstruction de notre magnifique île.