La Piroi est une structure à vocation régionale. Nous dépendons de la direction des opérations internationales de la Croix-Rouge française. Habituellement, cette direction travaille plutôt à l'international, mais nous avons trois plateformes d'intervention régionale basées sur des territoires d'outre-mer, à La Réunion, en Guadeloupe et en Nouvelle-Calédonie.
La PIROI est la plus ancienne, avec vingt-quatre années de coopération régionale dans le cadre de la mise en œuvre d'un programme de gestion des risques de catastrophe, mais également sur la riposte au risque sanitaire. Nous travaillons, à travers les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de la région, avec deux pays de la côte africaine (le Mozambique et la Tanzanie), les îles du sud-ouest de l'océan Indien (les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles) et les deux départements français de Mayotte et de la Réunion.
Ce réseau repose sur les Croix-Rouge et Croissant-Rouge et représente 35 000 personnes dans la région. Nous travaillons sur le cycle complet de la gestion des catastrophes, avec tout d'abord la préparation. Nous disposons de stocks de contingence et de 11 entrepôts dans la sous-région, répartis dans les différents pays membres et représentant plus de 600 tonnes de matériel de réponse d'urgence (kits de reconstruction de l'habitat, kits famille, kits hygiène). Ce matériel est mutualisé : il appartient non pas aux pays, mais au réseau. Ces stocks peuvent intervenir sur un seul pays si nécessaire, selon un schéma que nous avons déjà connu.
Nous œuvrons aussi sur la préparation, avec le travail mené pour mettre en place des exercices de simulation, mais également des plans de contingence, en relation avec les services de protection et de sécurité civile et en lien avec les Croix-Rouge.
Sur la réponse d'urgence, nous sommes intervenus 68 fois depuis la création de la PIROI, au bénéfice de 1,9 million de bénéficiaires directs. Dans le cadre de la préparation et de ces réponses d'urgence, nous pouvons nous appuyer sur deux conventions : l'une avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, au travers du centre de crise et de soutien (CDCS), qui peut déployer des stocks par l'intermédiaire de la PIROI, en lien avec les ambassades ; l'autre avec la direction générale de la sécurité civile, où nous allons bientôt accueillir le stock de la réserve nationale.
En amont de ce volet, nous menons en outre un travail très important d'éducation et de sensibilisation aux risques naturels. C'est sur ce volet, qui n'est pas forcément le plus visible, que nous travaillons le plus, notamment en direction des plus jeunes, mais également des communautés villageoises.
La COI, avec laquelle nous avons mis en place un accord-cadre en 2012, renouvelé en 2016, a mené un fort plaidoyer auprès des différents ministères de l'éducation de la sous-région, ce qui nous a permis de pouvoir installer dans tous ces pays des programmes d'éducation aux risques pour les jeunes enfants, à l'image de notre action à La Réunion dans le cadre du projet « Paré, pas Paré ».
À La Réunion, ce projet a permis d'organiser des sessions de formation au bénéfice de 130 000 élèves du cycle 3. Nous avons aussi accompagné 340 enseignants sur les différents modules que nous gérons à travers un livret scolaire. Plus largement dans la région, nous avons soutenu 19 projets de réduction des risques avec les différents ministères de l'éducation.
Nous avons également un volet formation depuis 2008, avec 240 formations thématiques, diffusées auprès de 4 300 apprenants : traitement d'eau, logistique opérationnelle, évaluation d'urgence, abris…. En outre, nous avons initié la création d'un master « risques et environnement », en lien avec l'université de La Réunion. C'est le premier master de ce type à La Réunion. Nous en sommes à la troisième promotion, avec un taux de réussite de 100 % et 70 % des jeunes formés bénéficiant d'un métier à la clé, dans des organisations non gouvernementales, des collectivités, des mairies ou des services d'État. De jeunes Réunionnais, mais aussi de jeunes Malgaches, Comoriens ou Mahorais sont inscrits à cette formation, et nous souhaitons développer ce master, en réseau avec d'autres universités de la région.
Deux autres secteurs sont également rattachés à la PIROI : la recherche et l'innovation. Sur le premier volet, nous avons soutenu sur la dernière période des bourses de recherche et d'étude scientifiques, sur les thèmes suivants : gestion sociale de l'eau à Mayotte, mémoire et catastrophes à La Réunion, prise en compte de la dimension psychosociale des volontaires durant la crise covid aux Comores, savoirs et pratiques autochtones de la gestion des risques à Madagascar... Ces recherches sont très importantes puisqu'elles nous permettent de rééquilibrer les volets d'éducation aux risques de catastrophes vers les populations.
Nous travaillons également sur l'innovation de certains produits et l'accompagnement de porteurs de projets et d'outils directement utilisés dans nos opérations. Les deux dernières innovations ont concerné le traitement d'eau et les bornes solaires. Nous travaillons de plus avec Météo-France sur des prévisions intra-saisonnières.
Depuis dix ans, la PIROI travaille à son développement et est en train de faire naître, grâce à un financement important de l'AFD, le PIROI Center. Ce centre de formation, d'expertise et d'innovation sera basé à La Réunion, mais rayonnera sur les pays du sud-est de l'océan Indien. Il sera installé sur 4 000 m², avec un nouveau stock d'urgence, bien plus conséquent, un centre de formation et des bureaux pour accompagner les différents programmes de la zone.
Sur le plan de la formation, nous travaillons avec l'institut Bioforce, le centre de formation humanitaire implanté à Lyon. Nous proposerons à La Réunion, à partir de 2025, des formations métiers pour les humanitaires. Jusqu'à présent, les jeunes de la région devaient rejoindre la métropole pour recevoir une formation. À partir de 2025, avec Bioforce, nous pourrons les former dans la région.
Outre les risques de catastrophes, la région est aussi, malheureusement, concernée par des risques d'épidémie. Nous travaillons régulièrement sur la riposte aux épidémies. Le sujet est d'ailleurs d'actualité aux Comores, avec le choléra qui a fait son apparition. Nous sommes aussi intervenus au Mozambique ou en Tanzanie. Nous avons également des épidémies de peste à répétition à Madagascar. Sur ce plan, nous venons d'acquérir, par le biais d'un financement de l'AFD, un hôpital modulaire, qui nous permettra de nous projeter et de mieux gérer les épidémies en lien avec les autres partenaires sur le terrain.
Enfin, la PIROI est soutenue par un certain nombre de partenaires techniques, mais aussi financiers. Le budget de la PIROI sur la dernière période quinquennale s'élève à 23 millions d'euros, dont près de 10 millions d'euros pour la construction et l'implantation du PIROI Center.