Je souligne que nous ne connaissions pas bien les officiers qui ont pris le pouvoir dans les pays mentionnés. Par exemple, le général Barmou, le chef d'état-major nigérien, a été éduqué aux États-Unis. Au Mali, les officiers supérieurs ont en très grande partie été formés à Moscou. Dès lors, leurs modèles de réflexion sont différents des nôtres. Cela n'explique pas tout, mais c'est une réalité.
S'agissant des formations dans le domaine aéronautique, cela constitue effectivement un véritable défi aujourd'hui, et il nous faut passer un cap dans les coopérations que nous menons dans ce domaine. Cela nécessite du temps, des spécialistes. Des expériences plutôt réussies ont été menées, notamment à travers une école de formation à Thiès au Sénégal, qui s'appuie sur Air Sénégal et forme des pilotes. Nous menons une dizaine de projets avec des coopérants spécialistes de l'armée de l'air, dans deux dimensions : le renseignement aérien et la gestion d'une flotte aérienne. Pour y parvenir, nous nous appuyons également sur des sociétés françaises, dans le cadre du soutien à l'exportation, pour la formation sur matériel, en mettant en place un matériel, puis en développant un contrat et une mise en formation sur une série.
S'agissant de l'AILCT, un premier défi consiste aujourd'hui à faire croître le projet, en s'assurant de sa pérennité financière à travers le maintien d'un soutien des bailleurs internationaux. C'est aussi le défi qui est posé pour l'école du G5 Sahel à Nouakchott, qui a été développée dans le cadre de l'Alliance Sahel. Ce centre bénéficie d'outils modernes de simulation, et est un centre d'excellence mais il doit pouvoir être financé dans la durée.
Un deuxième défi porte sur le renforcement des capacités de formation par des experts internationaux, en bénéficiant par exemple de l'expérience acquise dans le cadre de l'opération Takuba au Sahel. Les Américains sont aussi très présents et effectuent chaque année au sein de l'Académie l'exercice Flintlock, un exercice majeur de forces spéciales.
Je souhaite également revenir sur la difficulté de développer la participation de bailleurs étrangers dans ces écoles et centres de formation. Pour répondre aux transformations de la présence française en Afrique, un des enjeux consiste à ouvrir ces centres et à travailler avec nos partenaires européens de façon plus concrète, d'une part pour limiter la visibilité militaire française ; mais surtout parce que cela nous ouvre d'autres dimensions, d'autres perspectives. Par exemple, le Danemark vient d'annoncer une participation substantielle dans l'école de déminage au Bénin, dans laquelle nous formons l'essentiel des démineurs africains. Il nous faut démultiplier ce genre d'initiatives dans d'autres centres.