J'ai présenté l'agenda militaire en qualité de CEMA. L'agenda politique et économique n'est pas de mon ressort. L'approche interministérielle, qui est indispensable, permet une approche globale.
Je ne partage pas votre vision négative de notre action en Afrique. Je n'ai aucune difficulté à affirmer que l'apport de nos armées aux pays africains est plutôt positif. Certes, nous ne sommes pas à l'abri de la critique et nous n'avons pas tout bien fait. Nos contempteurs ne se privent pas de le rappeler en forçant le trait. Si nous n'avions rien fait, nous serions lisses, sans aspérité et à l'abri de toute attaque.
Le discours du Président de la République du 27 février 2023 affine notre position. Dans le domaine de la formation, par exemple, nous agissons depuis de très nombreuses années, sans avoir épuisé le sujet. La douzaine d'écoles nationales à vocation régionale (ENVR), dont les pays africains assurent le commandement et les pays européens le financement, les instructeurs étant européens et africains, en sont un bon exemple.
En Côte d'Ivoire, nous avons participé à la création de l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), qui permet au pays de prendre son autonomie en la matière. Au Gabon, l'ENVR a développé la formation de gardes forestiers et la recherche, en raison de la nécessité de préserver la biodiversité. Un véritable processus d'appropriation est en cours. L'échange est à double sens : un officier ivoirien est actuellement instructeur à Saint-Cyr, où il forme les élèves-officiers français.
Nous n'avons pas à rougir de notre bilan en Afrique. L'action des armées n'a jamais été malintentionnée. Les Africains le savent et le reconnaissent.