Pour traiter les enjeux auxquels nous sommes confrontés et bien tenir compte des caractéristiques de l'Afrique contemporaine, au premier rang desquels la jeunesse de sa population, nous devons faire évoluer notre dispositif en réduisant sa visibilité et son empreinte, dans les champs physique et informationnel. Nous devons être à même, dans le champ des perceptions, de faire directement comprendre en quoi consiste notre posture.
Nous devons agir en coordination étroite avec les pays africains partenaires et avec nos alliés, sans entrer en compétition avec eux. L'affirmation de leur souveraineté par les pays africains a notamment pour conséquence une forme de refus de travailler dans un cadre multilatéral. La task force Takuba, composée de forces spéciales d'une dizaine de pays européens et déployée dans le cadre de l'opération Barkhane, est un format que les Africains n'acceptent plus. Ils veulent traiter avec nous dans le cadre de relations bilatérales. C'est leur choix ; il faut le prendre en compte.
Nous devons donc créer une structure permettant de gérer des relations dans un cadre multi-bilatéral. Nous devons le faire de façon transparente pour les pays d'accueil : s'ils veulent des relations d'État à État, nous avons intérêt, en matière militaire, à la coordination et à la mutualisation, notamment dans les domaines du soutien et de la logistique. Certaines de nos structures se prêtent à cette démarche, mais il reste à en inventer une permettant d'aller plus loin.
Notre relation avec les États-Unis en Afrique est très forte dans le domaine opérationnel ainsi qu'en matière de partage de renseignements et d'évaluations de situation et d'appui logistique. Nous devons présenter et expliquer aux Américains l'évolution de notre approche en Afrique et les principes qui la régiront désormais, pour que nous puissions continuer à bien coopérer.
Les problèmes qu'ils rencontrent en matière d'accès sont les mêmes que les nôtres.
Nous devons travailler avec les Américains et avec les armées européennes. Toutefois, il ne suffit pas que les armées aient envie de travailler ensemble sur le terrain. Il faut que chaque pays manifeste une authentique volonté politique de travailler en coopération, sans esprit de compétition conduisant chacun à afficher à la fin de l'année ce qu'il a fait pour le pays où il intervient et à faire des comparaisons avec ce qu'ont fait les autres. Ce qui compte est ce que nous faisons globalement pour le pays où nous intervenons.