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Intervention de le général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 31 janvier 2024 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées (CEMA) :

Mesdames et Messieurs les députés, j'ai plaisir – comme toujours – à m'exprimer devant vous. En ce dernier jour de janvier, il est encore temps de vous adresser mes meilleurs vœux pour 2024.Que l'environnement stratégique soit complexe doit renforcer notre volonté d'agir. L'heure n'est pas au recroquevillement ni à l'attentisme. Nous devons nous emparer des événements.

L'approche ‘large spectre' que vous avez retenue pour le cycle d'auditions sur l'Afrique est indispensable dans le monde complexe qui est le nôtre parce que résoudre un problème suppose de faire appel à plusieurs domaines de compétence. Les nombreux experts que vous avez entendus ont sans doute réussi à couvrir tous les aspects du sujet. Avec une certaine humilité, je vais donc livrer ma vision de la contribution des armées à la nouvelle politique africaine de la France. En préambule, il est indispensable d'accorder notre manière d'agir au moment que nous vivons. Les ruptures se succèdent à l'échelle mondiale. Nous devons probablement modifier notre façon de faire et nous positionner pour empêcher que certains événements ne surviennent, plutôt que nous préparer à en gérer les conséquences. Cela exige de faire preuve d'anticipation, de courage et d'esprit de décision, d'autant qu'il est plus difficile de faire comprendre aux gens qu'il faut s'engager et prendre des risques avant même que des événements surviennent.

Pour autant, il ne faut pas céder à la tentation de « multiplier les coups ». Nous devons définir des stratégies de long terme pour encadrer nos réponses de court terme. Cela n'empêche pas de profiter des opportunités qui se présentent. Sans stratégie de long terme, il est très difficile d'expliquer ce que l'on veut faire et d'assurer la cohérence de notre action.

Par ailleurs, il est impératif de chercher à agir avec d'autres, même s'il en résulte une complexité accrue et si tout le monde ne voit pas les choses exactement comme nous. Il ne faut pas chercher à agir seuls, mais rechercher des coopérations, et ce le plus tôt possible dans la prise en compte des crises. Cela exige des efforts supplémentaires, notamment pour ne pas se mettre systématiquement en avant et faire preuve d'une capacité à travailler avec les autres.

Dans cet état d'esprit, je donnerai d'abord mon appréciation de l'évolution de l'environnement stratégique avant d'évoquer la façon dont nous travaillons, avec ‘chacun' de nos partenaires africains, et non avec ‘les' pays africains. En paroles comme en actes, nous avons tendance à appréhender l'Afrique de façon globale, ce qui irrite assez profondément nos partenaires africains. Chaque pays, de la Côte d'Ivoire au Burkina Faso en passant par le Sénégal, revendique une dynamique propre. Notre façon de parler importe ; elle s'inscrit dans le champ des perceptions et peut donner à nos adversaires des moyens de nous attaquer.

L'environnement stratégique global est caractérisé par un mouvement de désalignement, balisé par quatre marqueurs principaux.

Le premier marqueur est la dynamique de la force, visible dans le retour du rapport de force pour régler les différends ou imposer sa volonté. Après une phase de réarmement et une phase de désinhibition, nous vivons une phase caractérisée par une réelle volonté d'employer la force en raison des effets immédiats qu'elle produit.

Au Haut-Karabagh, une situation qui durait depuis trente ans a été « réglée » en vingt-quatre heures. Autre exemple, les attaques de cargos menées par les Houthis en mer Rouge ont provoqué, en quelques jours, la réorientation des flux du transport maritime vers le Cap de Bonne-Espérance. Celle-ci a des conséquences non seulement sur les pays européens, mais aussi sur les pays de la région, notamment l'Égypte, qui a investi beaucoup dans le canal de Suez et subit les conséquences de la baisse de sa fréquentation.

La dynamique de la force induit une escalade dans l'emploi des moyens et une recherche de la létalité par le biais de munitions toujours plus meurtrières, de l'emploi massif de l'artillerie, de munitions télé-opérées, et de frappes dans la profondeur qui touchent par-delà les cibles militaires, en Ukraine et ailleurs. L'échange de missiles, il y a deux semaines, entre l'Iran et le Pakistan, qui sont deux États respectivement au seuil nucléaire et doté, montre que les acteurs sont prêts à aller assez loin.

Par ailleurs, le fait nucléaire a été remis sur le devant de la scène, au sein du dialogue stratégique, par la guerre d'Ukraine, sous la forme classique d'une grammaire commune aux pays dotés. Certains pays possesseurs, tels que la Corée du Nord, ou qui pourraient l'être, comme l'Iran, n'ont pas la même approche.

La dynamique de la force est aussi caractérisée par l'extension des domaines de l'emploi de la force, qui n'est plus cantonné aux milieux physiques – terre, air et mer. Il s'étend à l'espace, où sont menées des opérations de renseignement, aux fonds marins, comme l'illustre la destruction d'une partie du pipe Nord Stream, et au cyber – tout ce qui s'y passe ne fait pas surface, mais vous avez peut-être entendu parler d'une attaque massive menée en décembre dernier contre l'opérateur majeur de télécommunication ukrainien qui a déstabilisé les opérations militaires.

Surtout, l'emploi de la force s'étend au champ informationnel. L'application TikTok, par exemple, est une arme informationnelle. Elle agit massivement sur les perceptions, récupère des données et sature les systèmes informatiques et électroniques, de sorte que même celui qui ne l'utilise pas en subit les conséquences.

Si la dynamique de la force se déploie, c'est aussi parce que l'ordre international peine à atténuer les crises. Il est urgent de revitaliser l'ONU pour rendre du poids à ses résolutions et en refaire un espace où essayer de traiter les problèmes.

Le deuxième marqueur de la recomposition en cours est la puissance de l'information. Le développement technologique et la numérisation des sociétés confèrent à l'information une valeur stratégique exceptionnelle. En se déployant sous le seuil de l'engagement armé, cette arme très efficace est l'arme principale des stratégies hybrides. Elle porte une large part de l'expression de la compétition, qui est l'état normal de la relation entre grandes puissances. L'information est non seulement l'enjeu de la bataille, qui exige de collecter du renseignement pour être à même d'évaluer et de comprendre la situation et d'obtenir des images pour éventuellement les divulguer ; elle est aussi l'espace de la bataille, qui se déploie aussi dans le champ informationnel et dans le champ des perceptions, sous forme de guerre des narratifs, d'intoxication du système de commandement de l'adversaire.

Nos compétiteurs agissent de façon très offensive sur les perceptions. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les opérations, dans le champ informationnel, doivent s'inscrire dans une stratégie de long terme pour parvenir à agir sur les perceptions. Si un message fait réagir, c'est parce qu'il a été précédé par d'autres qui ont façonné un environnement et préparé les réactions.

Dans le champ informationnel, il n'y a pas de victoire décisive, mais une large palette d'effets, du signalement stratégique à la création d'une caisse de résonance, de l'entraînement à l'inhibition. À l'avenir, la guerre informationnelle structurera de plus en plus les antagonismes, en raison des progrès technologiques. Nous devons nous préparer à un raz-de-marée, porté par l'intelligence artificielle (IA) générative, qui permet au plus grand nombre de faire à peu près tout ce que l'on souhaite dans le champ informationnel, rapidement et à bas coût. La vague sera haute ; il faut s'y préparer. C'est particulièrement vrai en Afrique, continent des rumeurs où la guerre informationnelle a une importance démesurée.

Le troisième marqueur de l'environnement stratégique est la manœuvre de désoccidentalisation en cours. Motivée par une réelle volonté de créer un ordre alternatif, elle prend pour certains pays la forme d'une revanche, pour d'autres celle du simple constat qu'il est temps de changer de paradigme. Promue par un ensemble de pays assez hétéroclite, rassemblés sous l'appellation certes maladroite de « Sud global », elle exprime leur volonté de parvenir à un ordre distinct de celui dont ils estiment qu'il les exclut de la direction des affaires du monde. La Russie est en première ligne dans cette manœuvre.

Dans tous les domaines, nos compétiteurs avancent leurs pions pour contester ce qu'ils considèrent comme des acquis de l'ordre actuel et sécuriser des accès – ports, aéroports, gares – et des flux, ainsi que la maîtrise de nouvelles ressources à terre et en mer. L'affirmation des puissances régionales, qui exploitent toutes les opportunités, est en outre un facteur supplémentaire d'instabilité.

Le quatrième marqueur est le changement climatique. S'il peut sembler moins prégnant que les trois autres, son importance ira croissante. Ses impacts – élévation du niveau de la mer, famines, déplacements de population – en font un catalyseur du chaos. Les pays du Sahel sont en situation de stress hydrique ; en Égypte et au Cameroun, l'élévation du niveau de la mer a déjà des conséquences. Il s'agit donc d'une préoccupation majeure pour la plupart de nos partenaires, donc pour nous – nous ne pouvons pas envisager de travailler avec eux et de répondre à leurs besoins tout en considérant que ce qui est pour eux un sujet important ne l'est pas pour nous.

Par ailleurs, ce paramètre est de plus en plus structurant pour toutes les activités humaines. Les armées n'y échapperont pas. D'ores et déjà, même sur le territoire national, nous nous interrogeons sur la localisation des garnisons et la transition énergétique à mener dans les infrastructures militaires, pour mieux absorber les effets du changement climatique.

Nous nous interrogeons aussi sur la pérennité du moteur thermique. Certes, une exemption pour les moyens militaires terrestres est imaginable, pour des raisons d'efficacité opérationnelle. Toutefois, dès lors que les principaux constructeurs ne produiront plus de véhicules thermiques, aucun n'acceptera de continuer à en produire pour le micromarché que constitue le besoin militaire. Nous serons obligés d'évoluer. Mieux vaut anticiper que subir.

En outre, le changement climatique est important pour les jeunes générations, qui en ont une conscience accrue. Je ne vois pas comment les armées pourront recruter à l'avenir si elles affichent une forme de désintérêt pour ce sujet, ce qui amènerait les jeunes à s'en détourner. Nous devons en tenir compte fortement.

Sur le continent africain, ces quatre marqueurs revêtent des spécificités, que je détaillerai en présentant la contribution des armées à la politique africaine de la France. Je ne vous présenterai pas un plan. Cela signifierait que nous faisons fi du nécessaire dialogue que nous avons d'ores et déjà engagé avec nos partenaires africains. J'indiquerai les principes auxquels nous avons réfléchi et ceux qui sont en cours d'élaboration.

Depuis ma dernière audition, en octobre 2023, nous avons achevé notre retrait du Niger. Si la manœuvre semble désormais banale et maîtrisée, il faut être conscient de sa complexité et de son ampleur, du point de vue logistique et sécuritaire. Elle a été plus difficile au Niger qu'au Mali car, faute de pouvoir évacuer par le Bénin, nous avons dû passer par le Tchad, ce qui a démultiplié les distances à franchir.

De façon générale, nous avons veillé à ne pas hypothéquer l'avenir. Rien d'irréversible ne s'est produit entre les forces militaires françaises et les forces militaires nigériennes, qui étaient auparavant nos frères d'armes avec lesquels nous nous battions contre le terrorisme. Celui-ci n'a pas disparu avec le retrait de la France ; l'armée nigérienne continue à le combattre.

L'opération n'a pas été simple tous les jours, notamment pour nos soldats, qui ont dû faire face à des provocations et à des pressions pendant les deux mois qui ont suivi le coup d'État, de la part de gens aux côtés desquels ils combattaient les groupes armés terroristes quelques jours plus tôt. L'attitude des unités françaises met en lumière la valeur de notre système de commandement. Une fois conclu l'accord de désengagement, nous avons retrouvé la liberté d'action nécessaire pour manœuvrer.

Plus généralement, l'Afrique présente deux caractéristiques qu'il importe d'identifier et de prendre en compte.

La première est l'instabilité. Elle rend difficile toute prévision et la définition d'une ligne de conduite durable.

Le Niger en est un bon exemple. Six ou sept pays occidentaux non seulement aidaient ce pays à lutter contre le terrorisme, mais lui fournissaient aussi une aide dans les domaines du développement, de l'éducation et bien d'autres encore. Pourtant, le 26 juillet au matin, aucun des putschistes ne s'est dit qu'ils étaient peut-être sur le point de faire une erreur et d'emprunter un chemin qui n'est pas exactement celui qu'il faudrait suivre.

À peine dix jours plus tôt, ils étaient reçus à la résidence de l'ambassade de France pour le 14 juillet et remerciaient l'ambassadeur de l'action de la France. Ce faisant, ils étaient sans doute sincères, mais, le 26 juillet, la France a soudainement changé de statut dans leur équation. Il est essentiel non seulement de prendre conscience de cette instabilité, mais aussi de se positionner pour la gérer.

La seconde caractéristique dont il faut tenir compte est la détermination des pays du continent africain à affirmer leur souveraineté. Les bases militaires dont nous bénéficions encore ne sont plus une évidence stratégique. Héberger des bases militaires étrangères sur son territoire est une entaille à la souveraineté qui n'est pas en soi inacceptable, mais qui peut poser problème ou être instrumentalisé.

Notre dispositif militaire historique a produit de nombreux effets positifs. Il était efficace et envié. Toutefois, dans le double contexte d'instabilité et d'affirmation des souverainetés, il produit, notamment dans le champ des perceptions, des effets négatifs qui finissent par peser plus lourd que les effets positifs.

Faut-il en conclure qu'en Afrique il n'y a plus rien à faire ? Non. Le lien entre le continent africain et le continent européen est indissoluble. Leurs interactions sont fortes. Un événement qui survient en Afrique a peu ou pas d'impact sur la Chine, les États-Unis, l'Australie, la Russie et le continent asiatique. Tel n'est pas le cas de l'Europe, qui est directement concernée par quatre enjeux majeurs du continent africain.

Le premier enjeu est la lutte contre le terrorisme. Il faut prévenir l'émergence d'un trou noir sécuritaire formé du Mali, du Niger et du Burkina Faso, sans oublier que le terrorisme touche aussi des pays anglophones.

Le deuxième enjeu est la lutte contre les trafics illicites, notamment celui d'êtres humains. Les flux migratoires ont des conséquences directes sur la politique intérieure des pays européens.

Le troisième enjeu est la lutte contre l'influence de nos compétiteurs stratégiques, notamment la Russie ou la Chine.

Le quatrième enjeu est la protection de l'environnement et la maîtrise des impacts de l'évolution climatique. Nous sommes attendus sur ce point.

Dans ces conditions, nous devons d'abord réduire fortement notre visibilité, d'autant que nous sommes structurellement visibles, plus que nous le souhaitons.

Nous devons ensuite réduire notre empreinte pour être à même de faire évoluer notre dispositif qui, pour des raisons historiques, est important. Si l'instabilité aboutit au chaos, nous devons être capables de nous retirer rapidement si nous le voulons. Si nous restons au cœur des tensions d'un pays en crise, la France en deviendra un acteur qu'on le veuille ou non, instrumentalisé de surcroît par nos compétiteurs. Nous devons être capables de réduire rapidement la voilure et de nous fondre dans le paysage, quitte à rétablir notre dispositif ultérieurement.

Nous devons enfin renforcer considérablement notre capacité d'influence en Afrique pour pouvoir agir dans le champ des perceptions.

Ces trois efforts doivent être conjoints : une trop forte visibilité est un lourd handicap dans le champ des perceptions ; une empreinte trop lourde empêche de gérer l'instabilité chronique.

S'agissant des modalités d'exécution, il faut impérativement agir en coordination étroite avec les pays africains, qui sont nos partenaires. Notre présence ne vaut que si elle correspond à leurs attentes et si elle répond, de la façon la plus précise possible, à une demande de leur part. Si leurs attentes changent, nous devons trouver les moyens de faire évoluer rapidement nos contributions. Dans chaque pays, il faut co-construire une relation singulière aux dispositions et au tempo spécifiques.

Pendant la période d'examen approfondi de leurs besoins, il faut s'attendre à une forme d'incertitude et je ne pourrai pas vous présenter un plan ni un dispositif finalisé. Au demeurant, l'époque n'est plus aux dispositifs arrêtés pour cinq ans. Les choses évolueront vite, au gré des demandes de nos partenaires. Nous devrons être capables de nous adapter, en prévoyant des dispositifs à géométrie variable, notamment dans l'actuelle phase de discussion avec nos partenaires.

Notre dispositif devra inclure la capacité à entretenir des relations avec les autorités militaires locales, et à garantir des accès stratégiques par voie maritime et aérienne. Nous devrons également être capables de recueillir du renseignement et d'exercer une influence dans le domaine de la lutte informationnelle qui est particulièrement prégnant en Afrique. Enfin, nos dispositifs devront permettre de poursuivre les actions de partenariats opérationnels.

Pour tout cela, il faudra faire appel à des renforcements depuis la France sous forme de détachements de renseignement, de détachements d'instruction opérationnelle (DIO) et de capacités d'intervention. Ces déploiements pourront aussi permettre de réaliser des exercices conjoints et offriront un cadre de réactivité.

Cependant, disons-le clairement : ce dispositif, aux caractéristiques différentes du précédent, ne produira pas les mêmes effets. Le précédent était performant en matière d'effets physiques, mais désastreux dans le champ informationnel. Or c'est là que nous sommes en train de perdre. Il faut donc rééquilibrer les choses.

Inévitablement, notre réactivité en matière d'évacuation de ressortissants (Resevac) et de DIO sera amoindrie. Nous devrons en tirer les conséquences en matière capacitaire. Même si les Rafale et les A400M ont une allonge supérieure à celles des Mirage et des Transall, ce qui permet de compenser l'éloignement, le délai d'intervention d'unités projetées depuis la France est inévitablement plus long que celui d'unités stationnées directement dans les pays africains.

Nous devons améliorer nos capacités d'anticipation – nous en discutons avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Jusqu'à présent, nous étions sans doute un des seuls pays qui, en cas de crise en Afrique, pouvait se permettre d'attendre assez longtemps avant de prendre formellement la décision d'évacuer ses ressortissants, au point de ne le faire que finalement que rarement car les choses finissaient pas se dégonfler. Les autres pays ont toujours pris des mesures préventives, parfois avec plusieurs mois d'avance, par exemple lors d'élections. Nous devons modifier notre approche et le faire savoir clairement.

L'effort principal devra porter sur le champ informationnel, dès la phase de réorganisation. Il faut impérativement que nous prenions la peine de laisser les pays partenaires souverains communiquer sur leurs actions, sans considérer qu'il nous incombe de chercher à les valoriser. Il faut les aider dans ce domaine, mais ils doivent assumer leur communication. Nous devrons mettre à profit les deux prochaines années pour stabiliser notre dispositif et façonner les perceptions, celles des populations sur place et celles de nos alliés européens.

Je formulerai, en guise de conclusion, trois observations sur la politique africaine de la France.

D'abord, elle ne se limite pas à la contribution qu'y apportent les armées. Sur le terrain, la France doit augmenter la composante civile de son empreinte, ce qui contribuera à rendre moins visible sa composante militaire.

Ensuite, adopter une posture lisible et crédible ne signifie pas que nous devons agir seuls. Nous devons mieux gérer une forme de « multi-bilatéralisme » en Afrique, en cessant d'être plus en compétition avec nos partenaires européens qu'en appui de nos partenaires africains.

Enfin, la politique africaine de la France se fait aussi en France, où vivent d'importantes diasporas africaines, qu'il faut aussi prendre en compte.

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