La Russie a fait le choix de la déstabilisation et du désordre dans le Caucase, alors qu'elle se présentait comme garante d'une certaine stabilité. Il convient ainsi de rappeler qu'elle occupe de manière illégale une partie de la Géorgie. Depuis deux ans, elle est toute entière focalisée sur la guerre en Ukraine, qui est quasi existentielle pour elle. À cette fin, la Russie se montre prête à sacrifier ses meilleurs alliés potentiels, du moins ceux qui s'estimaient protégés en partie par elle. Il en va ainsi de l'Arménie, qui est membre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et qui n'a bénéficié d'aucune protection de la part de la Russie dans la guerre qui l'a opposée à l'Azerbaïdjan, ni en 2020, ni plus récemment lorsque l'Azerbaïdjan a souhaité mettre en place un blocus du Haut-Karabagh, qui a conduit la population arménienne de cette zone à fuir son territoire.
La Russie a choisi de facto de soutenir l'Azerbaïdjan dans sa volonté de reconquérir par la force le Haut-Karabagh et maintenant de mettre en danger l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Arménie. La Russie voit également dans cette reconfiguration une manière d'exercer une pression sur le premier ministre arménien, M. Nikol Pashinyan, qui a été élu contre le candidat du Kremlin. M. Pashinyan affirme sa volonté de réformes, de démocratie et de rapprochement avec l'Occident et ses valeurs, ce qui déplaît fortement au président Poutine. L'Arménie fait preuve d'un grand courage, en dépit d'une situation politique et sécuritaire difficile et d'une dépendance économique à la Russie du fait de son fort enclavement.