Nous partageons le constat du général Gomart. L'année 2024 sera difficile pour l'armée ukrainienne, qui se place en position défensive et subit un rapport de force complexe et une disproportion en termes de ressources humaines et d'artillerie. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons accroître notre soutien à l'Ukraine, y compris, si l'urgence et la situation le commandent, en acquérant éventuellement des munitions qui ne seraient pas produites sur le sol européen. Une telle option représenterait pour nous un compromis mais serait justifiée par la situation.
Même si la situation est complexe, l'éventualité d'un effondrement soudain de l'Ukraine représente une perspective que nous n'envisageons pas. Si la Russie avait disposé des moyens de prendre Kiev ou Odessa, elle aurait déjà pris ces villes. Elle a tenté de le faire et a échoué. Il a fallu des mois aux Russes pour récupérer la petite Avdiïvka, qui comptait moins de 80 000 habitants avant le conflit et où ne subsistent aujourd'hui qu'à peine 900 personnes, dans une ville totalement rasée. Dès lors, je vous rassure : les Russes n'en sont pas à envisager la prise de Kiev ou d'Odessa.
La perspective d'organiser une conférence pour la paix en 2024 est-elle crédible ? Il est clair que les Ukrainiens souhaitent faire avancer une telle initiative et nous les soutenons. Dans ce cadre, des réunions régulières regroupent un nombre croissant de pays. Malheureusement, la Russie ne me semble pas se trouver dans un état d'esprit favorable à une conférence pour la paix. Le terme même de conférence pour la paix peut s'avérer quelque peu trompeur pour nos oreilles occidentales. Il supposerait que la Russie décide de faire la paix avec l'Ukraine, ce qui pour l'instant, hélas, ne correspond absolument pas à notre analyse.