Intervention de Anne Stambach-Terrenoir

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2024 à 9h00
Réduction de l'impact environnemental de l'industrie textile — Après l'article 1er bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne Stambach-Terrenoir :

Le 24 avril 2013, 1 130 personnes perdaient la vie dans l'effondrement de l'immeuble Rana Plaza au Bangladesh. Pas de coup de grisou, pas d'explosion chimique, mais une des catastrophes les plus meurtrières de l'histoire du travail – tragique symbole d'une mondialisation débridée qui expose les travailleuses et les travailleurs de la fast fashion à des conditions de travail indignes au mépris des droits humains et sociaux les plus élémentaires.

Dix ans plus tard, la fast fashion se traduit, encore et toujours, par des salaires dérisoires – au Bangladesh, le salaire est de 0,32 dollar par heure ; par des cadences infernales et des horaires de travail bien éloignés des normes fixées par l'Organisation internationale du travail (OIT) ; par la répression syndicale au Vietnam, au Bangladesh ou au Cambodge ; par des accidents du travail et des accidents industriels bien trop fréquents ; par son recours, aujourd'hui encore, au travail des enfants.

Ce tableau terrible est la conséquence directe de la logique capitaliste poussée à son extrémité. La mondialisation libérale a nourri la dynamique de la délocalisation de la production textile française vers l'Asie. Bonjour, main-d'œuvre quasi gratuite et corvéable à merci ! Adieu, normes environnementales, sociales et sanitaires ! Nous avons le devoir de contraindre les acteurs de la fast fashion à une réelle transparence quant aux conditions dans lesquelles leurs produits ont été fabriqués.

Par l'instauration d'un affichage social obligatoire dans le secteur textile, nous proposons de rendre visibles les souffrances derrière les étoffes ; de rompre avec le silence assourdissant des multinationales occidentales qui tentent de nous faire oublier Chameli, harassée par le travail et pourtant endettée, et sa fille qui chaque matin se lève pour prendre le chemin de l'atelier plutôt que celui de l'école ; elles sont des millions. Nous portons sur nous le fruit de leur travail et les enseignes portent une responsabilité. Il est temps de lever le voile sur le coût social de nos vêtements.

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