Intervention de Christophe Béchu

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2024 à 9h00
Réduction de l'impact environnemental de l'industrie textile — Présentation

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Dans son immense roman Au Bonheur des Dames, Zola décrit l'ascension inexorable des grands magasins qui écrasent les boutiques de vêtements traditionnelles, l'émergence de la mode moderne caractérisée par la frénésie d'achat et la soif de nouveauté, la multiplication du nombre de références, les techniques de marketing agressives. Relire Au Bonheur des Dames, c'est se rendre compte qu'à certains égards, notre rapport à la mode et aux vêtements n'a guère changé, à deux détails – qui ont leur importance – près.

Le premier détail, la première préoccupation qui nous conduit à nous réunir aujourd'hui, c'est que contrairement à l'époque de Zola, 97 % du textile que nous consommons est importé, souvent depuis l'autre bout du monde, et produit dans des conditions sociales et environnementales désastreuses. L'industrie textile française a quasiment disparu en trente ans et elle continue d'aller mal : après les usines, ce sont les marques qui disparaissent – Kookaï, Camaïeu, Naf Naf ou André ces derniers mois, pour n'en citer que quelques-unes –, avec les destructions d'emploi afférentes.

La seconde différence notable, c'est que contrairement à l'époque de Zola, nous savons désormais que notre planète meurt de cette mode du bout du monde, de cette mode ultrarapide, de cette mode sans limite. Je ne reviens pas sur les chiffres, que chacun a en tête – nous le ferons sans doute lors des débats. Je rappelle simplement que l'ultrafast fashion, c'est la mode qui fait exploser le fret aérien mondial, dont un tiers est directement lié à ces pratiques ; qui consomme et qui pollue la ressource en eau ; qui contribue à l'essor de la pollution plastique dans les océans ; qui souille les plages et les ruisseaux d'Afrique. Tout cela, nous le savons, et nous devons agir.

C'est de cela qu'il s'agit aujourd'hui, et c'est un choix profond : assumons-nous collectivement de fixer des limites à certaines entreprises textiles dont nous savons que les procédés industriels et commerciaux sont catastrophiques pour notre environnement et pour notre souveraineté économique ? Je salue l'initiative du groupe Horizons et apparentés d'inscrire cette question à l'ordre du jour de sa niche parlementaire, nous donnant l'occasion d'y apporter une réponse claire. Le Gouvernement soutient ce texte et les mécanismes de régulation qu'il prévoit.

Je tiens à saluer les parlementaires de tout bord qui ont pris cette cause à bras-le-corps. Je remercie bien sûr la rapporteure Anne-Cécile Violland ,

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