Aujourd'hui, nous allons faire évoluer le droit dans le sens de l'histoire. En 1989, nos prédécesseurs s'étaient arrêtés à mi-parcours, pourrait-on dire. Ils avaient dû prendre en considération les mêmes arguments que ceux qui nous sont opposés aujourd'hui. À cette époque, les danseurs de l'Opéra de Paris craignaient que la danse classique – une pratique culturelle qui était considérée comme dominante –, ainsi que la danse contemporaine et le jazz – qui introduisaient de nouvelles esthétiques –, ne soient codifiées, voire rigidifiées. Toutes ces confrontations montrent la capacité de la République à intégrer ces danses et à permettre à chacun de se former, tout en préservant la vitalité culturelle.
Cette vitalité culturelle est d'ailleurs reconnue et protégée. Ainsi, en 2014, l'Unesco a inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité le gwoka : musique, chants, danses et pratique culturelle représentatifs de l'identité guadeloupéenne. Cette danse, créée par les esclaves, était un espace de résistance ; elle est aujourd'hui un aspect culturel essentiel de la Guadeloupe. J'en profite pour saluer mon collègue Elie Califer.
Nous aurions pu également parler de la farandole provençale, des danses basques, de la maraîchine dans le Poitou et en Bretagne ou encore de la sautière en Corrèze. Avec la création d'un DE de professeur de danse, toutes ces danses traditionnelles locales pourront bénéficier d'un cadre universel, tout en continuant à exister et à se développer en dehors. Il conviendra de les soutenir également, avec des financements que l'État préservera et amplifiera, je l'espère. Il y va de votre responsabilité, madame la ministre.
Permettez-moi de terminer mon propos comme je l'ai commencé, en citant MC Solaar dans « Qui sème le vent récolte le tempo » : « Car j'suis un MC d'attaque, sans tic, authentique pas en toc / Prêt à frapper sur le beat pour le mouvement hip-hop » – en toute liberté, nous en sommes convaincus.