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Intervention de Michel Tsimaratos

Réunion du jeudi 18 janvier 2024 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Michel Tsimaratos, directeur général adjoint de l'Agence de la biomédecine chargé de la politique médicale et scientifique :

. – Je propose de ne pas revenir sur les xénogreffes, sauf si vous souhaitez des précisions. À l'heure actuelle, les xénogreffes ne peuvent pas être considérées comme la réponse à la pénurie d'organes, pour des raisons extrêmement simples. Ce n'est pas suffisamment fiable pour compenser le nombre d'organes qui manquent, soit près de trois ou quatre organes par jour. C'est en outre une technologie très chère, captive d'une entreprise américaine qui a développé ce modèle il y a vingt ans. Nous étions dans la course, mais on n'a pas embrayé. Il faudrait donc mener toute la recherche clinique et faire en sorte qu'elle aboutisse, en se fondant sur le business model d'une entreprise commerciale.

Nous disposons néanmoins d'autres éléments pour aller combler ce manque de greffons. Marine Jeantet vous a parlé de la diminution du besoin, en agissant sur la prévention et sur l'amont de la phase terminale de la maladie chronique. On a plusieurs projets en ce sens.

Il y a aussi le sujet des allogreffes composites, ce qu'on appelle les greffes de visage. Je ne sais pas si vous êtes familier de la différence entre greffe et transplantation. La greffe concerne en général du tissu, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de suture de vaisseaux. La transplantation est la greffe d'un organe, dont on doit suturer les vaisseaux, pour alimenter en sang l'organe, et les parties spécifiques de l'organe : pour le foie, ce sont les canaux biliaires ; pour les reins, c'est l'uretère ; pour le cœur, c'est l'aorte ; pour les poumons, c'est la trachée. Dans les greffes composites, on greffe plusieurs organes et on doit organiser la greffe pour que l'ensemble de l'opération chirurgicale permette à cette composition d'organes de fonctionner. Pour la greffe de la face – quelques-unes ont été faites –, on greffe des muscles, des nerfs, des vaisseaux, des canaux et des épithéliums. Ces greffes composites dépendent donc beaucoup de la qualification du receveur – comment va-t-on être certain que le receveur est en mesure de recevoir la greffe ? – et de la qualification du donneur. C'est un travail considérable que font les coordinateurs, en lien avec les professionnels.

Dans d'autres domaines, on pratique des greffes de tissus que l'on avait du mal à greffer jusqu'à présent, notamment pour des questions de conservation, par exemple sur la trachée ou les bronches. Aujourd'hui, face à des sténoses ou des nécroses d'un bout de trachée qui relie les voies aériennes supérieures aux poumons, on est en mesure de mettre non plus simplement une prothèse, mais du matériel humain prélevé chez une personne décédée. On pratique aussi les greffes d'utérus. L'absence congénitale d'utérus compromet évidemment la réalisation d'une grossesse. Néanmoins, lorsqu'on prélève l'utérus chez une personne qui a terminé son cycle de fertilité, c'est-à-dire après la ménopause, si on l'expose de nouveau à un environnement hormonal compatible, l'utérus va être en mesure d'accueillir un enfant. Ça a été fait à plusieurs reprises. C'est dans les pays nordiques que les médecins sont les plus avancés, mais nous avons en France un programme de recherche qui permet de mener à bien des grossesses et des naissances. Il s'agit de prendre l'utérus d'une personne, de le transplanter à une personne qui est encore en mesure d'avoir un enfant, puis de l'explanter à la fin du projet de grossesse.

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