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Intervention de François Pellissier

Réunion du jeudi 15 février 2024 à 11h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

François Pellissier, président de TF1 Publicité, président du Syndicat national de la publicité télévisée :

Je vous remercie pour votre question, qui met en lumière les asymétries dont souffre le média télévision par rapport aux autres médias, mais surtout par rapport au digital. Nous sommes le seul pays en Europe à connaître encore des secteurs interdits. Cette interdiction avait été initialement conçue pour protéger la presse et la radio locales, mais elle a échoué à y parvenir, notamment pour la presse, tout en favorisant l'essor du digital. Aujourd'hui les investissements de la distribution dans les médias s'élèvent globalement à trois milliards d'euros, dont 1,8 milliard d'euros sur le digital contre 700 millions d'euros il y a cinq ans. Or ce digital est essentiellement constitué de trois plateformes américaines : Google, Meta et Amazon.

Aujourd'hui, nous nous orientons vers la disparition des prospectus, ce qui me semble être un élément positif. Les prospectus en France représentent actuellement environ 2 milliards d'euros d'investissement pour les distributeurs. Le cabinet BCG estime que sur ces 2 milliards d'euros dépensés en prospectus, un milliard devrait être supprimé dans les cinq ans à venir. Sur ce milliard d'investissements non réalisés dans les prospectus, 500 millions d'euros seront probablement réinvestis par les distributeurs sur leurs propres plateformes et propres applications et 500 millions seront réinvestis dans les médias. Si on n'autorise pas la publicité pour la promotion de la distribution à la télévision, ces 500 millions d'euros iront essentiellement sur le digital.

La radio est aujourd'hui extrêmement dépendante de la distribution, qui assure 50 % de ses recettes publicitaires. La presse voit ses audiences baisser. La seule alternative pour les acteurs de la distribution consiste donc à renforcer encore plus la prédominance des acteurs et des plateformes américaines. Il est donc urgent de donner à la télévision les mêmes moyens que les autres médias et, surtout, de réduire une fois pour toutes les asymétries avec les plateformes digitales, qui sont pour la plupart des hébergeurs et ne financent absolument rien en termes de création ou d'information.

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