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Intervention de Fabrice Mollier

Réunion du jeudi 15 février 2024 à 11h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Fabrice Mollier, président de Canal+ Brand Solutions :

Canal+ Brand Solutions, régie publicitaire du groupe Canal+, remplit trois missions principales. La première vise à commercialiser les espaces publicitaires des chaînes et sites que nous avons en régie pour générer leur chiffre d'affaires. La deuxième consiste à prospecter, négocier, planifier les campagnes des annonceurs en fonction de leurs enjeux, de leur budget, des publics qu'ils souhaitent viser, soit directement, soit à travers des agences médias. Enfin, nous travaillons également à développer une fonction de conseil pour renforcer l'impact de leur communication et nous les accompagnons sur des enjeux de création publicitaire. Nous avons aussi une cellule créative, la Canal Brand Factory.

Deux caractéristiques nous distinguent des autres régies. En premier lieu, nous commercialisons à la fois des chaînes gratuites dont la totalité des ressources dépend de la publicité, comme C8, CNews, CStar, mais aussi des chaînes payantes comme Canal+ ou les chaînes thématiques dont le modèle est fondé sur des recettes d'abonnement. En second lieu, nous avons développé depuis plusieurs années une activité importante de régie pour tiers : des éditeurs extérieurs nous confient leur régie. Nous sommes ainsi la régie de chaînes comme RTL9, des chaînes du groupe Warner, Eurosport et des chaînes Discovery. Nous sommes aussi régis de l'application de streaming OQEE Ciné de Free, d'applications pour télévision connectée ou encore des réseaux de cinéma UGC et Grand Rex. Enfin, je souhaite vous faire part d'un rappel historique. L'arrivée de Canal+ en 1984 a coïncidé avec la fin du monopole de la Régie française de publicité. Nous avons tous vécu les modifications des usages, ceux des consommateurs comme ceux des annonceurs.

Canal+ Brand Solutions représente 11 % du marché de la publicité télévisée. Nous avons bien sûr développé un certain nombre d'inventaires digitaux. Il s'agit d'un axe essentiel de notre développement, compte tenu de l'émergence des usages et des investissements des marques. Pour nous, le marché de la publicité vidéo digitale ne se substitue pas à la télévision, mais apporte une pression importante : le digital prend de plus en plus de poids dans la répartition des budgets confiés par les annonceurs. Nous travaillons ces enjeux collectifs au sein du SNPTV et nous échangeons également au sein de l'association des régies publicitaires radio et télévision européennes ( European Group of Television Advertising – Egta), ce qui nous permet d'obtenir un éclairage de comparaison avec d'autres marchés européens, dont les réalités réglementaires sont parfois différentes.

Nous faisons face aujourd'hui à deux enjeux essentiels. Il s'agit d'abord de celui de la mesure. La télévision est un média extrêmement bien mesuré, de manière transparente, exhaustive, qui permet aux annonceurs de connaître précisément le nombre de contacts de leur campagne. Ce n'est pas le cas aujourd'hui de l'univers du digital, qui pratique souvent de l'automesure limitée à des impressions, des critères très hétérogènes de cibles, qui ne permettent pas une comparaison des deux médias. Nous travaillons à améliorer cet aspect avec l'ensemble de l'interprofession, les agences médias, l'Union des marques et les régies. Cet élément me semble fondamental puisqu'il permettra de garantir la valorisation et l'attractivité de la télévision par rapport aux autres médias.

Le deuxième enjeu concerne la réglementation. Au même titre que mes confrères, j'en appelle à une évolution de l'asymétrie réglementaire existante entre la télévision et les plateformes. Les modifications de réglementation seront bien sûr déterminantes pour l'avenir de la publicité télévisée. Nous souhaitons que ces évolutions aillent dans le sens d'un assouplissement des contraintes qui enserrent la publicité télévisée à travers les fameux secteurs interdits. Nous plaidons également en faveur d'une plus grande souplesse dans la gestion des écrans publicitaires, que permet par exemple la directive européenne du 3 octobre 1989 dite « Télévision sans frontières ». Enfin, l'ensemble de la réglementation appliquée à la télévision doit également l'être aux plateformes.

L'étude de PMP Strategy déjà mentionnée évoque la résilience du média télévision, mais prévoit également une diminution des audiences TV face à la progression importante de la vidéo digitale. Cette étude ayant été menée à réglementation constante, les assouplissements réglementaires pourraient donc offrir un grand potentiel au modèle économique de la TNT.

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