L'association Résistance à l'agression publicitaire considère que le mode de financement publicitaire des médias, et notamment la télévision, est particulièrement toxique, à plusieurs égards. Je rappelle que Patrick Le Lay expliquait que le métier de TF1, « ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible » : je n'ai pas trouvé de meilleure définition du système publicitaire.
Un tel principe contribue à créer des biais dans la création de l'information et sa diffusion. Nous avons vu, notamment lors de la dernière campagne électorale, des personnes tenir des propos de plus en plus outranciers, rediffusés sur les réseaux sociaux, pour générer une audience auprès de cerveaux disponibles qui sont devant la télévision et pour mieux pouvoir les vendre aux grandes marques. En résumé, le premier biais porte sur la création de divertissement et d'un débat biaisé, du fait même du financement publicitaire, pour attirer de plus en plus de gens et mieux leur vendre des produits.
Le deuxième biais a été illustré lors de la dernière crise sanitaire ou lors de la crise des subprimes en 2008. En cas de crise, le premier budget qui disparaît est celui de la publicité. Or pendant ces périodes, alors que les citoyens et citoyennes ont particulièrement besoin d'une information de bonne qualité, la baisse des revenus publicitaires fait peser un risque sur le financement des médias.
Ensuite, comment parler de la crise écologique et du réchauffement climatique entre deux publicités pour de grosses voitures et des voyages en avion ? La charte alimentaire existe depuis 2009, mais le nombre de produits au Nutri-score D et E en publicité n'a pas changé. Des améliorations sont peut-être intervenues à la marge, mais la charte alimentaire n'a pas vraiment fonctionné.
De même, les contrats climat existent depuis trois ans, mais nous n'avons pas vu de promotion de produits plus vertueux en matière écologique. Là aussi, nous constatons que le système ne fonctionne pas. Il faudrait que le régulateur impose des règles beaucoup plus strictes, ne laisse pas le secteur s'autoréguler ou créer ses propres règles déontologiques, et qu'il les fasse appliquer.