Intéressons-nous à ceux qui ont fait du hip hop ce qu'il est. Je veux parler de Sidney, qui vient des quartiers populaires, des groupes IAM, NTM et Alliance Ethnik. NTM avait prédit ce qui se passe :
« C'est carré, on veut nous stopper
Ça allait tant qu'on rappait dans les MJC
Mais aujourd'hui, le phénomène a grandi, Dieu merci !
J'remercie les jeunes qui rappent sans merci
Et puis nique sa mère si on ne passe pas dans leurs radios
On f'ra l'tour, c'est pas grave,
Le plus dur c'était de sortir d'la cave, et les gens le savent. »
Le hip hop est sorti de la cave, mais il ne veut toujours pas de votre reconnaissance étatique. IAM chantait : « La démocratie et toutes ses preuves/ça vient de la rue ». Ça doit rester comme ça. Vous êtes en train d'abîmer la démocratie ; on ne vous laissera pas abîmer le hip hop.
Croire que ce qui a été rejeté en 2015 sera accepté en 2024, c'est de la folie. En 2015, les leaders du hip hop ont refusé une réforme tendant à l'institutionnaliser. Ils rejettent ce texte qui va dans le même sens, et qui rendrait le hip hop impopulaire. Je suis un grand amateur de jazz. Celui-ci a perdu sa popularité lorsqu'il a acquis la reconnaissance et a commencé à n'être enseigné que dans les grands conservatoires.
En pratique, comment fera la prochaine génération concernée pour payer une formation qui coûte entre 1 200 et 7 200 euros ? Comment feront ceux qui devront recourir à une VAE qui coûte entre 1 000 et 2 000 euros, voire plus ? Comment pourra-t-on justifier la différence de salaire entre ceux qui auront le DE et ceux qui ne l'auront pas ?
Ce texte participe à une dérive sécuritaire : il veut réprimer des professeurs de hip hop en leur refusant ce titre, en raison de leur philosophie de vie. Nous voterons pour la rue, donc contre ce texte.