Intervention de Mathilde Desjonquères

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Desjonquères :

La danse est un art qui exprime des idées, suscite des émotions et raconte très souvent une histoire, mais aussi un sport que certains de nos concitoyens pratiquent dans le cadre de leurs activités hebdomadaires.

La loi du 10 juillet 1989 relative à l'enseignement de la danse a institué un DE de professeur de danse, actuellement obligatoire pour enseigner la danse dans les esthétiques classique, contemporaine ou jazz. Depuis lors, la reconnaissance du métier de professeur de danse s'appuie sur des garanties en matière de compétences pédagogiques et de niveau de qualification professionnelle. Or beaucoup d'autres formes de danse sont enseignées, en particulier le hip hop et les danses urbaines, dont la pratique s'est largement diffusée ces dernières années. Ces danses se sont ainsi développées dans un vide juridique, de sorte que des personnes non diplômées animent des cours. Cela ne va pas sans poser problème s'agissant d'activités qui peuvent s'avérer dangereuses et s'adressent souvent à des enfants ou des adolescents.

Il semble donc pertinent d'adapter l'encadrement juridique à l'offre existante et aux différentes voies d'accès à la formation, pour trois raisons principales. Premièrement, prendre en compte la diversité et l'évolution des danses – hip hop demain, danses régionales de France, danse baroque, danses du monde après-demain. Deuxièmement, garantir, pour ces nouvelles esthétiques, qu'une attention suffisante sera accordée aux enjeux d'anatomie du corps en mouvement dansé, de santé et de sécurité. Troisièmement, autoriser la formation par la voie de l'alternance. L'enjeu est bien de mettre à niveau le diplôme en étendant l'obligation de détenir le titre de professeur de danse et en permettant à des professionnels aux horizons esthétiques divers d'obtenir le DE après une formation adaptée.

Cette ouverture est particulièrement bienvenue au moment où le breaking, une des disciplines du hip hop, est invité aux Jeux olympiques 2024. Les performances en breakdance réalisées à cette occasion ne manqueront pas de susciter des vocations. Il importe que nous puissions répondre à ces demandes.

Si ce texte, issu d'un travail transpartisan, fait dans l'ensemble consensus auprès de la communauté artistique, des interrogations demeurent, notamment parmi les enseignants de danse qui ne détiennent pas le diplôme. À cet égard, les dispenses pour les professionnels qualifiés nous semblent effectivement nécessaires.

Les modalités de son institutionnalisation ne sauraient figer le hip hop dans un certain style. Aussi les maquettes du DE devront-elles en reconnaître les différents courants.

Enfin, les décrets d'application devront tenir compte de l'avis des professionnels pour garantir que ce DE ne dénature pas la culture du hip hop et des danses urbaines. Il incombera donc au ministère d'assurer un accompagnement progressif de l'écosystème en lui laissant le temps de s'adapter. À nous, législateur, d'y être attentifs.

Pour toutes ces raisons, le groupe démocrate votera ce texte.

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