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Intervention de Rodolphe Belmer

Réunion du jeudi 8 février 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Rodolphe Belmer, président-directeur général du groupe TF1 :

Le renouvellement passe par un appel à candidatures, lorsqu'une autorisation d'émettre arrive à expiration. Nous l'avons déjà fait pour TF1 et allons le faire pour TMC, TFX et LCI.

Les obligations qui pèsent sur les chaînes du groupe TF1 sont de trois ordres. Des obligations d'investissement d'abord : nous devons consacrer un peu plus de 16 % de notre chiffre d'affaires au financement de programmes français relevant de divers genres. Des obligations de diffusion ensuite, puisque nous devons diffuser certains programmes, dans certaines proportions, à certaines heures – une règle qui ne s'applique qu'aux chaînes privées. Enfin, nous avons des obligations sociétales visant à accompagner les mutations de la société française, en matière d'éducation aux médias ou de promotion de la parité et de l'inclusion par exemple.

Il ne nous appartient pas de critiquer le processus de renouvellement des autorisations, qui nous semble organisé par l'Arcom avec rigueur, rigidité, sévérité et sérieux.

L'on peut néanmoins constater que les acteurs privés de la TNT se voient imposer des règles nombreuses et strictes, au contraire de deux autres catégories d'acteurs : le secteur public, paradoxalement, et, à une échelle bien plus significative, les nouveaux opérateurs de l'OTT, c'est-à-dire les plateformes de streaming. Les nouvelles conventions ayant toujours un caractère escalatoire, cette asymétrie ne fait que croître et est de plus en plus compliquée à vivre dans un contexte de concurrence et de compétitivité. Nous n'avons pas de recommandation particulière, et il ne nous appartient pas d'en faire, mais la situation conduit probablement à réfléchir sur la logique qui sous-tend les discussions des conventions.

Pour ce qui est de l'avenir de la TNT dans un univers où l'OTT occupe une place grandissante, il faut prendre en considération plusieurs phénomènes.

En premier lieu, les technologies d'accès à la télévision linéaire sont de plus en plus variées : initialement, la télévision était consommée par le biais du réseau hertzien, avec l'analogique puis la TNT et les satellites, ensuite l'IPTV ( internet protocol television, ou télévision diffusée via internet), les boîtiers d'accès à Internet (ou box ), et enfin l'OTT. La TNT ne représente aujourd'hui que 20 % de l'audience en France.

En second lieu, l'audience de la télévision s'érode d'environ 5 % par an en moyenne pour l'ensemble de la population – la baisse étant plus importante pour les cibles commerciales que nous visons – au profit des plateformes OTT comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime. Dans la catégorie des 25-49 ans, qui constitue la principale source de recettes publicitaires, sur cent heures de visionnage de programmes longs, 35 % se font à la demande et seulement 65 % par la télévision.

Face à ce double mouvement tectonique, la TNT devient-elle sans objet ? Non. Elle reste importante d'abord parce qu'elle permet d'entrer dans tous les foyers, y compris ceux qui sont mal desservis par les réseaux télécoms – les zones blanches. En outre, le plan de service de la TNT s'impose à tous les modes technologiques : si vous avez le numéro 1 sur la TNT, vous le conservez sur l'IPTV, ce qui assure la visibilité des chaînes auprès des Français. De notre point de vue, la TNT continuera à être un mode de diffusion utilisé, en particulier dans les zones blanches – c'est important pour une chaîne ayant notre vocation.

Néanmoins, le déploiement de l'OTT nous amène à travailler dans deux directions. D'abord, comment sanctuariser et idéalement faire croître les recettes publicitaires des groupes de télévision privés alors que leurs audiences baissent ? Pour continuer à financer des programmes de divertissement et une information gratuite de grande qualité, nous avons besoin des ressources économiques que nous procure la publicité. Nous militons donc pour l'ouverture des secteurs interdits à la publicité afin de nous donner un bol d'air et de mieux résister au développement de l'OTT. Et parallèlement, nous entrons nous-mêmes dans l'OTT, avec TF1+, pour capter une part de ce marché.

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