Il y a dix ans, le simple fait de déposer le script d'un reportage magazine de cinquante-deux minutes donnait automatiquement droit à une aide du CNC. Cette subvention pouvait alimenter une partie significative du bilan annuel d'un journaliste producteur indépendant, avant même la mise en production. Malgré la diminution du volume d'aide, l'intervention de la puissance publique demeure importante – sans parler des 4 milliards d'euros versés chaque année par la collectivité à l'audiovisuel public.
D'ailleurs, l'audiovisuel est peut-être le deuxième secteur le plus aidé, après la culture, par la collectivité nationale. Sans les dispositifs d'aide de l'État, les producteurs publics et privés seraient certainement en difficulté.
L'industrie de l'audiovisuel se caractérise par un phénomène de concentration : il existe une myriade d'intervenants, mais ce sont souvent les mêmes sociétés mères qui captent l'essentiel des profits.
Je voudrais vous faire part d'un autre exemple éclairant. Lors des négociations sur la révision de la convention collective nationale des journalistes, nous étions en présence d'employeurs, dont certains représentant une grande association de journaux de presse écrite. Tous ces titres appartiennent à de grands groupes capitalisés. Il s'avère que les grilles salariales appliquées par ces employeurs prévoient des minima inférieurs au Smic. Il s'ensuit que lors des révisions salariales, les salaires les plus bas restent alignés sur le Smic – qui constitue le plancher légal de rémunération en France. Cette répartition inégale des profits, nous la rencontrons aussi dans le secteur audiovisuel. Si ces grands groupes ont toute leur place sur le marché, ils ne comprennent pas que la chaîne de valeur inclut tous les travailleurs et ne se limite pas aux entreprises et à leurs actionnaires.