Le secteur de la production paie la confusion qui s'est introduite dans la convention collective de la production audiovisuelle. Pour les réalisateurs, les premières réunions de négociation auxquelles j'ai participé remontent à 1995. Jusqu'à présent, les syndicats de producteurs ont toujours fait obstruction à notre demande, en exigeant un statut unique de réalisateur de télévision. Nous avions beau leur expliquer qu'un réalisateur de fiction se distingue d'un réalisateur de documentaire ou d'un réalisateur d'émissions de télévision. Face à cette obstruction, le salaire d'un réalisateur, excepté celui d'un réalisateur de fiction qui vient enfin d'avoir un revenu minimum, c'est aujourd'hui le Smic.
La situation a continué de se dégrader, car les syndicats de producteurs n'avaient pas anticipé les pressions des télédiffuseurs du fait de leur concentration. En 2017, les syndicats de producteurs ont finalement accepté d'ouvrir un débat autour du salaire des différents réalisateurs. Mais nous sommes encore loin du but, et les propositions faites frisent l'indécence. Il nous faut donc étudier la situation de chacune des branches concernées pour remettre en selle les producteurs dans leurs négociations avec les télédiffuseurs.
La situation ne pourra s'améliorer qu'à partir du moment où l'équipe technique de documentaire aura été réintégrée dans son identité professionnelle, sans quoi les télédiffuseurs continueront d'imposer des baisses de prix.
Il s'agit de dépasser le paradoxe des chaînes qui ont à la fois besoin d'une audience pour continuer à fonctionner, mais aussi d'une identité de chaîne et d'une originalité de programmation. Si ces conditions ne sont pas remplies, ces chaînes peuvent difficilement être rentables.