Intervention de Jérôme Caillé

Séance en hémicycle du mercredi 28 février 2024 à 21h30
Mieux partager la valeur et garantir des revenus dignes pour les agriculteurs

Jérôme Caillé, agriculteur biologique et président de Terrena bio :

Pour revenir en un mot sur la question précédente, personnellement, je ne comprends pas que des denrées alimentaires puissent être échangées contre des puces électroniques ou des Airbus. Nous ne devons évidemment pas nous opposer aux échanges : il faut exporter et même importer, notamment des denrées comme le café et le cacao, que nous ne pouvons pas produire sur notre territoire. Mais faire de notre souveraineté alimentaire une monnaie d'échange contre des produits que nous ne produisons pas chez nous me dérange un peu. Nous avons de beaux territoires : pour les faire vivre, engageons les investissements et la dynamique qui permettront leur développement économique.

Pour répondre à votre question, je fais partie du conseil d'administration d'un établissement, qui, depuis trois ans, reçoit tellement de demandes d'inscription qu'il est parfois obligé d'en refuser. Cette forte dynamique prouve que le métier d'agriculteur ne souffre pas d'un problème d'attractivité. C'est plus tard que survient le problème. Les jeunes n'ont pas une vision négative du métier et ils comprennent vite, pendant leur formation, que s'engager dans cette carrière, c'est s'engager dans des investissements de long terme – au minimum quinze ans pour la plupart des productions. Entre exercer une activité para-agricole bien rémunérée et s'endetter pour quinze ans sans aucune garantie de rémunération ni de protection face aux aléas, le choix est vite fait.

Des jeunes veulent s'installer, mais le système économique et les banques refusent de les accompagner et de sécuriser leur parcours à long terme. Il faut lever ce frein-là. Les jeunes que je rencontre dans les écoles sont motivés et prêts à se lancer. Le travail ne leur fait pas peur, pas plus que de savoir qu'ils vont investir beaucoup d'argent et toucher un faible revenu pendant sept, huit ou dix ans. J'ai deux adolescents qui viennent de sortir d'une école agricole : l'un d'eux passe la semaine au Salon de l'agriculture à s'occuper d'un taureau parthenais. La motivation des jeunes est là. Ce qui fait défaut, c'est la sécurisation de leur avenir d'entrepreneur. Il faut soutenir leur capacité à développer les territoires en améliorant le revenu des agriculteurs.

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