Intervention de Jérôme Caillé

Séance en hémicycle du mercredi 28 février 2024 à 21h30
Mieux partager la valeur et garantir des revenus dignes pour les agriculteurs

Jérôme Caillé, agriculteur biologique et président de Terrena bio :

Les quotas sont un outil de régulation de la production. Pour moi, qui n'ai pas pris en compte ce paramètre il y a cinq ans, lorsque j'ai engagé des investissements qui seront amortis sur quinze ans, l'instauration de quotas sur la production de poulets pourrait me gêner. Mais pour un jeune qui s'installe et fait ses calculs économiques en fonction des quotas, ils peuvent être intéressants, car ils permettent d'équilibrer la production sur un temps long. Or, dans nos filières, la surproduction, fût-ce de 2 %, est très mauvaise.

Quant aux marchés à terme, ils ont effectivement financiarisé les céréales, qui se vendent et s'achètent parfois d'un bout à l'autre de la planète, alors que physiquement le grain, lui, ne s'échange qu'à l'échelle du territoire. C'est une dynamique qui nous échappe. Avec Sylvie Colas, nous sommes des agriculteurs bio et notre production, qui s'exporte peu, alimente essentiellement le marché national. Si cela protège notre matière première d'une financiarisation, cela nous empêche aussi de trouver plus facilement de nouveaux marchés, ce qui, dans le contexte actuel de surproduction, serait utile. Toute la difficulté est là.

Qu'il s'agisse des marchés à terme ou des quotas, l'équation n'est pas simple. Si, à un moment donné, l'instauration de quotas permet de préserver nos productions et d'offrir de la visibilité aux futurs investisseurs ou aux jeunes qui veulent se lancer, alors pourquoi pas ! Mais attention à ne pas dévoyer leur objectif initial, qui est de sécuriser l'installation des jeunes et le développement d'une exploitation, sans quoi ils seront contre-productifs.

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