Au-delà des augmentations budgétaires auxquelles vous avez fait allusion, je tiens à rappeler que le ministère de l'Europe et des affaires étrangères est malheureusement le dernier ministère régalien qui ne bénéficie pas d'une loi de programmation.
Je reviens à la « deuxième assurance vie » déjà évoquée. L'Union européenne achète encore 63 % de son équipement militaire aux États-Unis et la politique de sécurité et de défense commune reste peu ambitieuse. Si votre volonté politique est indéniable, votre position semble isolée. À quoi cette « deuxième assurance vie » pourrait-elle ressembler ?
Je salue les avancées proposées en matière de lutte contre la désinformation et l'allocation d'un fonds de soutien complémentaire en faveur de l'Ukraine, dont la résilience continue de nous impressionner. J'aimerais partager votre optimisme sur l'efficacité des sanctions infligées à la Russie mais j'ai le sentiment que l'économie et l'armée russes sont plus résistantes que nous ne l'avions imaginé. L'un des grands échecs révélés par ce conflit réside, selon moi, dans l'absence de soutien d'une majorité des pays du Sud à notre politique d'aide à l'Ukraine. La France s'est-elle sérieusement interrogée sur les raisons de cette situation ?
Une autre guerre est en cours dans la bande de Gaza. La ville de Rafah est désormais chaque nuit le théâtre d'assauts terribles contre les civils qui y sont réfugiés. Je crois qu'il faut vraiment que la France hausse le ton et demande avec force à M. Netanyahou de stopper cette folie vengeresse et meurtrière. J'ajoute que cette situation contribue à nous éloigner encore des pays du Sud et favorise la constitution de nouveaux axes entre l'Afrique, le Moyen-Orient et la Russie.
En Afrique, notre diplomatie a péché par méconnaissance et par orgueil. Alors que les jeux peuvent sembler faits, je nourris pour ma part l'espoir d'un renouveau. Je crois en effet que les pays africains ne rejettent pas la France mais une certaine idée de la France, celle qui soutient des régimes en fonction de ses intérêts et non de ses principes et celle qui coupe l'aide publique au développement au Sahel, au Mali et au Burkina Faso. La France va-t-elle rétablir cette aide, dont le retrait punit les peuples et contribue à renforcer les alliances stratégiques précédemment évoquées ?
Lors des questions au Gouvernement, vous m'avez indiqué que la France souhaitait que des élections se déroulent au Sénégal dans les plus brefs délais. À Dakar, certains protagonistes continuent toutefois à se prévaloir du soutien de la France concernant le nouveau calendrier électoral. Qu'en est-il ?