Intervention de Mathilde Panot

Réunion du mercredi 14 février 2024 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Nous avons reçu hier à l'Assemblée nationale une délégation de soignants de l'association Palmed, qui revenaient de Gaza. Leurs témoignages sont effroyables et je voudrais les faire résonner ici. Le fait que des personnes ayant choisi ce métier pour prendre soin des autres en arrivent à tenir de tels propos en dit long sur l'horreur de la situation sur place.

Permettez-moi de vous rapporter tout d'abord les propos du docteur Chems-Eddine Bouchakour évoquant la mort de nouveau-nés quelques heures seulement après leur naissance : « Je me suis posé la question personnellement de savoir si mourir dans ce système n'était pas une chance en soi, parce qu'en réalité ceux qui ne meurent pas et auxquels on fait des pansements régulièrement finissent par mourir aussi, et dans la souffrance. On peut donc se demander s'ils n'ont pas eu de la chance que cela se termine. C'est ce que j'ai pu constater sur le terrain. »

Imane Maarifi, infirmière, a évoqué un médecin palestinien rentré en pleurant parce qu'il avait sauvé un bébé de 8 mois qui avait eu les deux bras arrachés et dont toute la famille avait été décimée. Ce soignant se demandait s'il avait vraiment sauvé la vie de cette petite fille, désormais seule au monde : « J'ai opéré parce qu'on était au bloc et qu'il fallait le faire mais, après, je me suis demandé si je n'aurais pas dû la laisser mourir ».

Ces soignants sont rentrés de Gaza voici une semaine. Entre-temps, le gouvernement d'extrême droite de Benyamin Netanyahou a franchi un nouveau seuil en décidant d'attaquer Rafah, où 1,5 million de personnes sont coincées, souvent abritées sous des tentes, manquant d'eau, de nourriture, de médicaments. La Knesset est par ailleurs en train d'examiner une loi visant à interdire notamment la chaîne Al-Jazira, ce qui laisserait les crimes de guerre se dérouler sans image ni son.

Le président de la République vient de demander à Benyamin Netanyahou la fin des opérations israéliennes. Mais il est trop tard pour ne faire que demander, alors qu'il est minuit moins une pour le peuple palestinien et pour la paix. Vous nous avez dit agir sans relâche : quelles actions avez-vous et allez-vous mettre en place pour concrétiser un cessez-le-feu immédiat ? Qu'avez-vous fait pour imposer le respect des mesures conservatoires de la Cour internationale de justice (CIJ), alors même que cette dernière, qui évoque un risque génocidaire, a de nouveau été saisie par l'Afrique du Sud ? J'espère que vous n'allez pas seulement nous expliquer qu'accuser Israël de génocide serait franchir un seuil moral mais nous faire part des actions concrètes que vous entendez conduire.

Ces dix dernières années, la France a par ailleurs livré pour plus de 200 millions d'euros d'armes à Israël. Ce commerce se poursuit-il ? Avez-vous la certitude qu'aucun composant militaire français n'est utilisé à Gaza pour commettre des crimes de guerre ? Quand allez-vous décréter l'embargo sur les armes ? De Gaulle l'a fait ; Emmanuel Macron doit le faire.

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