Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mercredi 14 février 2024 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

Chers collègues, nous accueillons M. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères depuis le 11 janvier dernier.

Je vous remercie, monsieur le ministre, de vous être rendu disponible. Nous aurions aimé vous recevoir plus tôt mais votre emploi du temps est extrêmement chargé. Vous avez aussi eu l'amabilité de me convier à un petit-déjeuner de travail au lendemain de votre visite à Kiev et à Berlin, ce qui témoigne de votre volonté de nouer une relation de confiance avec cette commission.

Vous arrivez à la tête de votre ministère dans une conjoncture internationale redoutable. Vous vous trouvez cet après-midi devant une commission inquiète et désireuse de contribuer, par la démocratie parlementaire, par une relation étroite avec le Gouvernement de la République, par un contrôle vigilant sans être tatillon, et par des délibérations budgétaires favorables, au maintien et au développement de l'outil dont vous avez aujourd'hui la responsabilité.

La situation géopolitique créée en Europe par l'agression de l'Ukraine par la Russie figure naturellement au premier rang de nos préoccupations.

Alors que les Ukrainiens semblent éprouver des difficultés à faire face aux nouveaux développements de la guerre, le Conseil européen a donné en décembre dernier l'impression d'une fuite en avant. Bien que globalement favorables à l'adhésion future de l'Ukraine à l'Union européenne (UE), nous estimons en effet que la décision d'ouvrir des négociations n'est pas assortie d'une réflexion stratégique globale sur la signification même d'un élargissement de l'UE, que ce soit à l'Ukraine, à la Moldavie, voire la Géorgie, et par ailleurs aux États des Balkans occidentaux qui frappent à la porte de l'Union depuis longtemps mais auxquels nous n'offrons aucune perspective claire et cohérente.

La priorité vis-à-vis de l'Ukraine nous semble résider plutôt dans l'aide militaire, la livraison de munitions et la mobilisation de tous les pays européens pour permettre aux Ukrainiens de surmonter la situation à laquelle ils sont actuellement confrontés. Nous serons très attentifs aux informations que vous pourrez nous apporter sur votre perception du contexte stratégique de l'Ukraine face à la Russie et sur la façon dont vous concevez une mobilisation accrue des États européens.

Bien d'autres éléments de l'actualité internationale nous préoccupent. Je pense aux perspectives de modification de la carte de la solidarité atlantique, avec le retour possible à la présidence des États-Unis de Donald Trump.

Ce dernier affiche, en effet, des prises de position extraordinairement inquiétantes, obligeant les États européens à développer une solidarité géopolitique à laquelle ils ne sont pas habitués, l'Europe étant essentiellement fondée sur la culture de la paix et de la raison. Nous sommes très désireux de savoir comment vous abordez cette question.

Le troisième sujet sur lequel nous souhaiterions vous entendre, sans aucun doute le plus urgent, concerne le conflit israélo-palestinien.

Notre commission est, comme l'ensemble de la communauté internationale, très inquiète de la situation dans la bande de Gaza et perplexe face à la manière dont Israël conduit ses opérations politico-militaires. Nous sommes par ailleurs profondément solidaires de l'État d'Israël et croyons au droit du peuple israélien à vivre en sécurité. Nous avons tous été terrifiés par les événements du 7 octobre 2023.

Le président de la République et vous-même vous êtes rendus récemment au Proche-Orient. Nous aimerions connaître votre analyse de ce dossier et la manière dont la France envisage une possible issue à cette crise, dont nous avons par ailleurs le sentiment angoissé que d'aucuns, dont le premier ministre israélien, sont soucieux de la faire durer.

Alors que la situation ne cesse de se dégrader et que s'amorce une offensive redoutable dans le Sud de la bande de Gaza, nous estimons que la communauté internationale doit réagir. Nous avons reçu hier le consul général de France à Jérusalem, qui nous a livré un témoignage extrêmement intéressant et émouvant, notamment sur les difficultés rencontrées par les fonctionnaires dans leur volonté de porter assistance à nos concitoyens présents sur place. Il nous a également fait part de son inquiétude quant à notre capacité à aider les populations locales à sortir de ce cauchemar.

Par-delà ces crises qui monopolisent l'attention médiatique, il y aurait encore bien d'autres sujets à aborder, par exemple la situation dans la région indopacifique et nos relations avec la Chine ou encore les défis liés au réchauffement climatique.

Dans ce contexte difficile, soyez assuré, monsieur le ministre, du soutien de cette commission, qui veillera à ce que vous bénéficiiez des moyens nécessaires à votre action.

Nous vous remercions des éclairages et perspectives que vous pourrez nous apporter sur les différents sujets que je viens d'évoquer brièvement.

Je terminerai mon propos en saisissant l'occasion de saluer l'arrivée parmi nous de deux anciens membres du Gouvernement, qui viennent de nous rejoindre : Mme Élisabeth Borne, présente cet après-midi, et M. Olivier Véran, présent lors de nos débats ce matin. C'est un honneur pour nous de les voir participer à nos travaux.

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