Intervention de Bertrand Pancher

Réunion du mercredi 14 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Notre groupe, comme les autres, soutient les 100 000 réfugiés qui fuient le Haut-Karabakh pour l'Arménie depuis septembre. Coprésidente du groupe de Minsk, la France doit être suffisamment impartiale pour jouer son rôle de médiateur. Les opérations azerbaïdjanaises dans le Haut-Karabakh nous placent devant nos responsabilités, d'autant que la Russie, jadis intermédiaire entre les parties, est devenue l'alliée de l'une d'elles. Comment ne pas être préoccupés par le sort de l'Arménie ?

Nous agissons par le biais de notre aide humanitaire, de nos rencontres fréquentes avec les membres du gouvernement d'Erevan et de notre soutien indéfectible au rapprochement du pays avec l'UE. Certes, on peut s'agiter en proclamant que la diplomatie relève de la souveraineté, il n'en demeure pas moins que notre économie, notre géographie et, par conséquent, notre politique sont européennes. Les importations de gaz azerbaïdjanais vers l'UE n'ont fait qu'augmenter depuis l'agression de l'Ukraine. Notre dépendance vis-à-vis de Moscou s'est certes réduite mais tout cela nous lie les mains au sujet du Haut-Karabakh. Au demeurant, le Conseil européen est toujours incapable de s'accorder sur un régime de sanctions.

Je salue la clairvoyance de cette proposition de résolution, qui rappelle que le gaz de Bakou n'est pas magique. Toutefois, il est nécessaire de reconsidérer les accords d'approvisionnement avec l'Azerbaïdjan. Comme toujours, l'absence de souveraineté énergétique européenne pèse sur la crédibilité de notre action géopolitique. Nous soutenons sans réserve l'appel de cette proposition de résolution à renforcer l'aide humanitaire et l'EUMA, de même que la demande de retour des réfugiés du Haut-Karabakh.

Le soutien militaire à l'Arménie est en bonne voie. Sébastien Lecornu a signé en novembre, avec son homologue arménien, un contrat d'aide militaire. À ce sujet, où en est la demande de la France d'ouvrir la FEP à Erevan ? Les grandes puissances parviendront-elles à créer les conditions d'une paix durable dans le Caucase, que notre groupe appelle de ses vœux ? Nous constatons que la question territoriale du Haut-Karabakh sert de variable d'ajustement dans la région depuis cent ans, et nous craignons qu'il en soit de même pour la région azérie isolée du Nakhitchevan à l'avenir.

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