Le Gouvernement organise un tri social, de la maternelle à l'université, notamment à travers un sous-investissement dans le service public, qui accroît mécaniquement l'attrait pour le secteur privé. La proportion d'élèves dans l'enseignement privé sous contrat demeure ainsi forte – 13 % dans le primaire et 21 % dans les collèges et lycées. Pire, dans le supérieur, la proportion d'étudiants inscrits dans le privé est en nette progression, passant de 13 % en 2001 à plus de 26 % aujourd'hui. Or les indices de position sociale des élèves permettent maintenant d'évaluer avec précision l'ampleur du séparatisme scolaire induit par le privé : à Marseille, l'IPS moyen des écoles primaires est de 125 dans le privé contre 96 dans le public – le même constat vaut pour les collèges.
Par ailleurs, l'absence de logements sociaux dans certains quartiers – voire dans certaines villes –, la multiplication des dérogations à la carte scolaire et la stigmatisation dont font l'objet les établissements relevant de l'éducation prioritaire induisent, eux aussi, un tri social, mais au sein cette fois-ci de l'école publique elle-même. Au collège, le choc des savoirs ne fera qu'aggraver cette situation en mettant fin au collège unique et la création de groupes de niveau stigmatisera les élèves en difficulté, qui sont aussi les plus défavorisés.
En outre, la réforme du lycée professionnel, notamment la réduction de l'enseignement des savoirs au bénéfice du temps passé en apprentissage, diminue la qualité de la formation et les possibilités de reconversion des élèves des classes populaires. Quant au manque de financement des métiers d'accompagnement scolaire – AESH, conseillers principaux d'éducation (CPE), psychologues de l'éducation nationale (psy-EN) –, il nuit à l'accompagnement des élèves les plus en difficulté.
Ultime étape de ce tri social : la plateforme Parcoursup, qui a créé un système de sélection très défavorable aux élèves des classes populaires, lesquels ne bénéficient souvent pas du même accompagnement familial et scolaire que les autres pour s'y orienter. Les enfants d'ouvriers ne représentent ainsi plus que 10 % des étudiants à l'université, et ceux qui sont exclus du public n'ont même pas les moyens d'accéder au privé pour poursuivre leurs études.
La semaine dernière, le Gouvernement a annoncé une baisse de 700 millions d'euros du budget de l'éducation nationale, dont 479 millions retranchés du titre 2, qui concerne les rémunérations. Comment comptez-vous éviter de supprimer des postes ? Vous assurez que vous allez y arriver, mais j'ai des doutes – à moins que vous ne soyez un peu magicienne !
Quand le Gouvernement prendra-t-il conscience que le manque chronique de moyens alloués au service public organise ce tri social ?