Intervention de Nicole Belloubet

Séance en hémicycle du lundi 26 février 2024 à 18h00
L'école publique face aux politiques de tri social

Nicole Belloubet, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

…s'inscrit lui aussi dans cet objectif de mixité sociale au sein des établissements. C'est en réponse au constat d'une fragilité persistante du niveau des collégiens dans les matières fondamentales, qui n'ont pas pleinement bénéficié des mesures engagées depuis 2017, que Gabriel Attal, alors ministre de l'éducation nationale, a annoncé, le 5 décembre dernier, l'engagement de cette démarche. J'insiste sur son caractère global : il s'agit de remettre en marche l'ascenseur scolaire et de donner les moyens nécessaires pour répondre aux difficultés des plus fragiles tout en permettant à ceux qui sont le plus à l'aise de s'épanouir pleinement au collège. Ce plan s'appuie sur les conclusions de la mission « Exigence des savoirs » et de la consultation des personnels enseignants.

Ce choc des savoirs prévoit en particulier une mesure forte, à savoir l'instauration d'un travail en groupe dans les classes de sixième et de cinquième, en français et en mathématiques. Disons-le clairement : il ne s'agit nullement de mettre un terme au collège unique mais de permettre aux élèves de mieux acquérir les compétences qui leur manquent dans ces deux matières fondamentales. Le groupe classe, par nature hétérogène, perdurera. C'est essentiel pour combiner les apports de la mixité scolaire et des pédagogies différenciées pour les élèves. Ce principe ne sera pas remis en cause. L'objectif de la démarche est bien de proposer l'accompagnement le plus adapté possible aux besoins de chaque élève dans les matières fondamentales. C'est dans cet esprit que nous prévoyons des groupes à effectifs réduits, qui nous semblent être le cadre le plus à même de faire progresser les élèves qui éprouvent des difficultés à acquérir telles ou telles compétences.

Bien évidemment, ces dispositifs s'appliqueront en fonction des réalités du terrain. Les chefs d'établissement représentent l'atout majeur sur lequel nous devons nous appuyer et seront accompagnés par les inspecteurs, lesquels seront pleinement mobilisés pour déployer ces mesures et apporter l'expertise nécessaire à la réussite de cette réforme.

Au-delà du choc des savoirs, l'ensemble de notre action s'inscrit dans le sens d'un meilleur accompagnement de tous les élèves, à rebours de toute idée de sélection. Elle intègre ainsi, comme l'a annoncé le Président de la République, la généralisation à la rentrée 2024 du dispositif d'accueil des élèves de REP et REP+ dans leur établissement de huit heures à dix-huit heures, même quand ils n'ont pas cours.

Enfin, n'oublions pas l'importance de l'orientation des élèves et de l'accompagnement qu'elle peut nécessiter. Afin de lutter contre les déterminismes, notamment géographiques, qui contribuent au maintien des inégalités scolaires liées aux inégalités socio-économiques, il est essentiel de mener une politique qui favorise la mobilité des élèves et abaisse les barrières qui assignent à résidence. La création de places en internat et le zéro reste à charge en la matière sont à cet égard des mesures très importantes.

Les échanges se poursuivent avec les syndicats, les enseignants, les inspecteurs, les principaux et les représentants de parents d'élèves pour appliquer au mieux notre politique. Vous pouvez compter sur mon entière mobilisation pour lutter contre les inégalités.

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