Je voudrais d'abord vous interroger sur l'IPS, un outil au service de la mixité que l'on sous-exploite. Comment pourrions-nous mieux l'utiliser pour favoriser la mixité dans les écoles privées, mais aussi et surtout dans les écoles publiques ?
Ensuite, je trouve que l'uniforme est un outil de tri social. Ceux qui en sont les promoteurs s'attachent à minimiser son impact, en expliquant qu'il ne concernera que quatre-vingt-dix classes à titre expérimental et que ce n'est donc pas grand-chose. Ce matin, Nicole Belloubet disait que son objectif est de pacifier les classes et de lutter contre le harcèlement.
Mais à mon sens, l'uniforme est un cache-misère, et ce de deux manières, car s'il cache la misère bien réelle de certains enfants, il suffit d'avoir enseigné une heure pour savoir que la misère ne se niche pas que dans la tenue vestimentaire :il cache aussi la misère de l'éducation nationale dans son ensemble ! C'est bien pratique, un uniforme, nous dit-on : ça va calmer les élèves et mettre fin au harcèlement scolaire. Mais à l'adolescence, on trouve mille façons de harceler un camarade, et la tenue vestimentaire n'en est qu'une parmi d'autres.
Si l'uniforme m'inquiète, c'est aussi parce que l'adolescence est l'âge auquel on s'affirme, notamment par sa tenue vestimentaire ; c'est le moment où l'on essaie d'acquérir une position dans la société, et particulièrement dans le microcosme qu'est le collège. Vouloir uniformiser la société, c'est aussi charger l'école de créer de bons petits soldats qui seront tous habillés de la même manière – avant, peut-être, de tous penser de la même manière. Cela m'inquiète, contrairement à la ministre ; et vous, qu'en pensez-vous ?