Effectivement, l'éducation prioritaire ne va pas bien. Revenons sur son évolution au cours des dernières années. Lorsqu'on a établi la carte du REP – réseau d'éducation prioritaire – et du REP+ – réseau d'éducation prioritaire renforcé –, on a certes privilégié une logique de réseau, mais on a surtout fait passer une logique de moyens avant une logique de besoins. À ce moment-là, nous avons pu participer à des discussions dans les académies et au niveau national. Or, lorsque nous avons mis en avant les besoins de certains établissements en nous fondant sur des indicateurs statistiques, lorsque nous avons fait valoir que tel ou tel collège pourrait relever de l'éducation prioritaire compte tenu de son IPS et de son taux de boursiers, on nous a opposé que le nombre d'établissements REP était fermé, verrouillé, et que, dès lors, l'établissement considéré ne pourrait pas être retenu. Autrement dit, l'éducation prioritaire a été fortement resserrée.
Qui plus est, si l'on analyse les DHG attribuées au cours des cinq ou six dernières années aux établissements relevant de l'éducation prioritaire, on constate que certains d'entre eux, notamment des établissements REP, ont perdu des moyens. De ce fait, il arrive qu'il y ait vingt-huit ou vingt-neuf élèves par classe dans des collèges REP. Dans ce cas, il ne s'agit plus vraiment d'éducation prioritaire. D'ailleurs, cela renforce la concurrence déloyale des établissements privés, qui communiquent sur le fait qu'ils peuvent accueillir les enfants dans de meilleures conditions.
Il faudrait reprendre complètement le dossier en établissant une véritable carte de l'éducation prioritaire, fondée sur des indicateurs partagés et transparents, et intégrant les lycées – lesquels ont été retirés de l'éducation prioritaire. Il conviendrait de partir des besoins, le nombre des établissements ne devant pas être verrouillé par la limitation des moyens.