Les politiques actuelles accroissent le tri social – j'y reviendrai dans une question que je poserai au Gouvernement –, sachant que le tri scolaire produit du tri social depuis très longtemps, hélas, dans notre pays. J'aimerais connaître votre avis d'universitaire ou de représentante du personnel sur la manière d'améliorer les dispositifs existants.
Ma première question s'adresse à Sophie Vénétitay. Bien qu'elle soit en œuvre depuis plusieurs années, l'éducation prioritaire, on le voit bien, n'a pas atteint ses objectifs, parce qu'elle n'arrive pas à contrecarrer les mécanismes et les effets de la ségrégation urbaine. On m'a signalé en outre un effet de stigmatisation des écoles qui bénéficient de l'éducation prioritaire, ce qui a une conséquence assez simple : une désertion des classes favorisées, soit qu'elles trouvent les moyens de contourner la carte scolaire – le phénomène est très ancien –, soit qu'elles choisissent le privé, ce qui est de plus en plus fréquent. Comment résoudre ce problème ? Comment éviter l'échec de l'éducation prioritaire ? À mon avis, il faut mettre autour de la table non seulement l'ensemble des acteurs scolaires, notamment ceux de l'éducation prioritaire, mais aussi ceux de la politique de la ville.
Ma seconde question s'adresse à Annabelle Allouch. Je défends l'idée d'abandonner la sélection pour l'accès en licence générale, autrement dit d'abandonner la logique de Parcoursup. Il y a évidemment un préalable : il faut d'abord augmenter les moyens pour qu'il y ait suffisamment de maîtres de conférences et de locaux pour accueillir tous les étudiants. Néanmoins, lorsque je prône l'abandon de Parcoursup, on me demande souvent comment l'on ferait pour affecter les étudiants. À cet égard, je défends l'idée d'une sectorisation de l'accès à l'enseignement supérieur, mesure qui fera l'objet d'une proposition de loi que je déposerai prochainement. J'aimerais connaître votre avis à ce sujet. Il s'agirait d'éviter la répétition des mêmes problèmes, à savoir le cantonnement des étudiants, notamment ceux de Seine-Saint-Denis, à des universités qui seraient ghettoïsées.
En matière d'éducation prioritaire comme en matière d'affectation des étudiants, si l'on devait procéder de façon complètement différente, comme pourrait-on faire ?