À première vue, on ne peut que soutenir un texte proposant la semaine de quatre jours : travailler moins, c'est le sens de l'histoire. Mais en se penchant sur le détail, on comprend qu'il s'agit surtout de comprimer la semaine en quatre jours, avec des journées de neuf heures, afin de promouvoir le bénévolat. C'est bien différent !
En clair, cette proposition ne vise pas à réduire le temps de travail des salariés. Elle implique de lourdes conséquences pour les travailleurs : intensification des rythmes, hyperconnexion, risques psychosociaux, autant de menaces pour la santé et la sécurité des salariés. Elle impose aussi une organisation du travail difficilement compatible avec une vie familiale, en particulier pour les femmes puisque, hélas, une grande part du travail domestique leur incombe. L'expérimentation de la semaine en quatre jours proposée aux agents de l'Urssaf de Picardie n'a convaincu qu'une poignée de salariés, et pour cause : elle supposait des journées de neuf heures. Ce fut un flop, seuls trois agents sur deux cents ayant accepté.
Plutôt que la semaine de quatre jours sans réduction de travail, nous défendons les 32 heures sans perte de salaire, grâce à l'augmentation du taux horaire. Alors que les gouvernements ne cessent de s'attaquer au temps libéré, autorisant le travail le dimanche ou repoussant l'âge de la retraite à 64 ans, il est temps de réduire véritablement le temps passé au travail. Pour cette raison, nous défendons la retraite à 60 ans, la fin du détournement de la durée légale par la braderie des heures supplémentaires et la sixième semaine de congés payés.
La réduction du temps de travail est une mesure émancipatrice, gage d'une meilleure répartition de l'emploi, et une mesure écologique. Tel n'est pas le cas de la proposition de loi qui nous est soumise. Celle-ci nous donne toutefois l'occasion d'ouvrir un débat dont nous nous réjouissons.