À La Réunion, notre implantation, qui date de plus de cinquante ans, s'appuie sur plusieurs filiales qui emploient 300 salariés pour desservir environ 500 000 Réunionnais pour l'eau potable et 300 000 pour l'assainissement. Nous avons soixante unités de production d'eau potable, dix grosses stations d'épuration et environ 3 000 kilomètres de réseau.
Jusqu'en 2018, nous avions une activité à Saint-Martin sur laquelle je pourrais revenir si vous le souhaitez pour évoquer l'ouragan Irma.
En préambule, je tiens à préciser que nous ne sommes pas propriétaires de nos réseaux, nous sommes gestionnaires au titre de délégations de service public. Nous avons donc un rôle de conseil et de prescripteur. Deuxième remarque, la réfection de réseaux d'eau est par essence un peu plus compliquée que celle d'autres réseaux ici représentés et demande du temps.
En ce qui concerne Belal, nous avons été confrontés à deux risques majeurs – le vent et les pluies – ainsi qu'à la difficulté d'accès aux ouvrages liée à la géographie de La Réunion. Quels premiers enseignements positifs avons-nous tirés ? Nous avons pu compter sur un personnel formé et préparé, sur une maintenance préventive ainsi que sur une organisation spécifique déployée dans l'île. Nous pouvons nous appuyer sur des plans de continuité d'activité ainsi que sur des cellules de crise à la fois régionales, nationales et du groupe.
Je m'arrête un bref instant sur l'impact du cyclone sur les différentes composantes d'un réseau. D'abord, les ouvrages, tant pour l'eau potable que pour les eaux usées, sont protégés et ont été bâtis en prenant en considération le risque cyclonique. Ensuite, les canalisations sont aussi construites dans des matériaux plus solides qu'en métropole afin de les protéger contre plusieurs risques. Il n'en demeure pas moins que le faible renouvellement du réseau – il est inférieur à 1 % à La Réunion comme en métropole – est problématique. C'est malheureusement une préoccupation récurrente qui a été mise en exergue par les assises de l'eau. S'agissant des captages, nous avons connu des obstructions liées à la mauvaise qualité de l'eau et parfois des ruptures de canalisations. Grâce aux interconnexions et à d'autres ressources, nous avons réussi à surmonter ces difficultés. Quant aux compteurs, ils ont moins souffert qu'avec Irma à Saint-Martin car les compteurs aériens sont moins nombreux.
Enfin, il faut souligner l'interdépendance complète entre les opérateurs. Nous sommes complètement dépendants des réseaux de télécommunications mais aussi électriques : impossible de traiter l'eau potable ou usée ni de la pousser dans les tuyaux sans électricité. La première étape est de rendre les installations accessibles en déblayant les routes – c'est le rôle des services de l'État et des collectivités ; la deuxième étape consiste à rétablir l'électricité et les télécommunications ; enfin, la troisième étape est l'intervention des autres opérateurs pour améliorer ou réparer ce qui doit l'être.
En ce qui concerne la stratégie de prévention, nous avons prépositionné des stocks de produits chimiques et d'équipements dans différents endroits de l'île afin de faciliter une intervention rapide sans complication logistique. Au moment du Covid, il y avait des problèmes d'approvisionnement en bouteille de chlore. Si nous n'en avions pas prépositionné dans l'île, nous n'aurions pas pu traiter l'eau, ce qui aurait provoqué des interruptions de service assez marquées.
Enfin, je tiens à souligner la qualité du travail avec les équipes de l'État et les collectivités locales. À La Réunion, la préfecture a organisé en novembre 2023 une journée Cyclonex au cours de laquelle tous les acteurs se sont retrouvés pour évoquer la prévention et la gestion du risque cyclonique.
Nous pouvons compter sur les volontaires de Veoliaforce, issue de notre fondation d'entreprise. Elle est certes moins importante que la Fire d'EDF, mais elle permet de mobiliser des ressources humaines en complément des personnels. Elle est intervenue plusieurs fois à Saint-Martin et en Guadeloupe.
Je pourrai développer ultérieurement nos recommandations d'amélioration à court, moyen et long termes, qui, loin d'être coperniciennes, permettraient néanmoins de renforcer la prévention et l'efficacité dans la gestion des crises.