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Intervention de Éric Guyader

Réunion du lundi 12 février 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Éric Guyader, directeur général du CHU de la Guadeloupe :

Quand on pose la question à un directeur d'hôpital, sa première réponse est de dire qu'il n'a pas assez de moyens.

Faire face à un événement climatique majeur suppose tout un travail de préparation, d'élaboration de plans blancs ou de plans cycloniques, et de formation des professionnels et des équipes. Du fait des nombreux événements majeurs subis par la Guadeloupe au cours des dix ou vingt dernières années, les équipes ont le niveau de formation requis et la capacité à faire face et à improviser.

Avec le nouveau CHU, la capacité en lits sera supérieure à celle dont nous disposons aujourd'hui et rendra à l'établissement son niveau capacitaire d'avant l'incendie de 2007. Les enseignements de la crise du covid se sont traduits par une augmentation significative du nombre de lits de soins critiques, ce qui est évidemment essentiel pour faire face à une crise majeure. Nous tenons donc compte des enseignements des précédentes crises.

Cependant, à la Guadeloupe comme dans d'autres territoires d'outre-mer, nos moyens s'inscrivent dans un contexte de grande fragilité économique. Pour nos établissements – je ne parle ici que de la Guadeloupe –, l'équilibre n'est possible que parce qu'ils sont sous perfusion de l'État et nous connaissons souvent des retards de paiement des fournisseurs et des problèmes d'approvisionnement. Dans un tel contexte, une crise ne peut qu'aggraver la fragilité d'un établissement et lui rendre encore plus difficile d'y faire face – mais, comme nous l'avons fait ces dernières années, nous le ferons tout de même.

À la fragilité de l'établissement s'ajoute celle des autres opérateurs. En effet, qu'il soit public ou privé, le tissu hospitalier de la Guadeloupe est limité. Ainsi, face à un événement majeur, la capacité d'autres établissements, notamment du centre hospitalier de Basse-Terre, qui est notre principal partenaire au niveau guadeloupéen, serait relativement modeste, sans parler de l'établissement de Saint-Martin, qui est isolé et aurait besoin du CHU de la Guadeloupe pour faire face.

Quant aux autres opérateurs, notamment ceux qui gèrent l'eau et les routes, ils sont eux-mêmes fragiles. Un événement majeur met ainsi en lumière non seulement la fragilité du système hospitalier, mais aussi celle de l'ensemble du système économique et social sur l'ensemble du territoire.

Par ailleurs, nous ne disposons toujours pas d'un hélicoptère sanitaire, alors que notre territoire, qui est un archipel, en aurait tout particulièrement besoin. Le seul disponible est celui de la protection civile, que nous utilisons bien évidemment, mais qui est employé au maximum de ses capacités. Il serait souhaitable que cette situation évolue.

En matière de coopération, nous sommes, par définition, isolés par rapport à l'Hexagone et le premier niveau de solidarité se situe donc au niveau régional. La Martinique, la Guyane et la Guadeloupe sont donc solidaires, sous réserve toutefois de ne pas être touchées en même temps par le même événement climatique ou naturel.

Pour ce qui est des autres États caribéens, l'établissement est intervenu à plusieurs reprises, que ce soit au profit d'Haïti ou de Montserrat.

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