Intervention de Arthur Delaporte

Réunion du mercredi 14 février 2024 à 9h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArthur Delaporte :

Le chlordécone est le symptôme de « l'habiter colonial ». Cette relation particulière à la terre que décrit le philosophe et ingénieur martiniquais Malcolm Ferdinand a enfermé les Antillais à l'intérieur d'un système de monoculture d'exportation et transformé leur monde en plantation, de sorte que tous, même ceux qui n'y travaillaient pas, ont été contaminés par le chlordécone.

Cette proposition de loi nous offre l'occasion de réparer, d'admettre des responsabilités, d'ouvrir la voie à la dépollution et à l'indemnisation, bref, de redonner aux populations des Antilles un sentiment de justice, effrité depuis si longtemps. Je salue l'opiniâtreté de notre collègue socialiste Serge Letchimy, qui aura fait adopté à l'unanimité les conclusions d'une commission d'enquête historique et permis que nous ayons ce débat.

Je veux rappeler l'histoire de ce scandale, qui détruit des vies et qui détruit l'environnement, celle du mouvement ouvrier qu'il a suscité, celle des grèves de 1974, dont la répression aura fait plusieurs blessés et deux morts.

L'égalité des droits ne peut pas être simplement théorique ; nous devons légiférer pour la mettre en pratique. Cette proposition de loi est donc importante, nous la devons à nos compatriotes. C'est pourquoi la réécriture suggérée par le groupe Renaissance m'inquiète, menaçant la construction juridique que ce texte tend à édifier. Réduire la portée de ce texte risque de nous empêcher de parler clair à nos compatriotes de Guadeloupe et de Martinique, d'autant plus que l'action de l'État contre ce fléau est insuffisante.

Le documentaire de Florence Lazar nous rappelle l'horreur de cet empoisonnement de masse. Son titre, Tu crois que la terre est chose morte, est extrait d'une pièce de Césaire ; la réplique continue ainsi : « C'est tellement plus commode ! Morte, alors on la piétine... »

Chers collègues, montrons-nous à la hauteur des enjeux.

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