La prise de parole de la Défenseure des droits a fait suite à la publication du rapport annuel sur les droits de l'enfant, qui était consacré, en 2022, au droit à la vie privée. Pour le réaliser, nous avons consulté 1 500 enfants et de nombreux experts et professionnels de terrain. Ce que nous avons montré, c'est que les enfants trimballent leur vie privée sur eux, dans leur smartphone, et que cela peut créer une tyrannie de l'image – recevoir des likes pour exister. Autrefois, les photos des enfants ne sortaient pas du cadre familial ; désormais, elles se retrouvent sur les réseaux sociaux. Or on s'est aperçu que beaucoup d'enfants ont peur de dire à leurs parents ou à leurs grands-parents qu'ils n'ont pas envie d'être filmés en maillot de bain.
La Défenseure des droits a insisté sur la notion d'exemplarité et souligné que toutes les émissions qui mettent en avant des enfants sans leur demander leur avis les exposent à subir des formes de harcèlement lorsqu'ils seront plus grands. Sous le mandat précédent, lorsque Jacques Toubon était Défenseur des droits et Geneviève Avenard Défenseure des enfants, nous avions fortement soutenu la proposition de loi de votre collègue Bruno Studer sur la protection des enfants influenceurs, que leurs parents exposent pour gagner de l'argent. Il importe vraiment de considérer les enfants comme des sujets de droit : ils n'appartiennent pas à leurs enfants. Nous avons tous quelque chose à dire à ce sujet en tant que citoyens mais c'est à la puissance publique de demander aux chaînes de télévision et aux réseaux sociaux de faire preuve d'exemplarité.