Nous faisons souvent des études en amont, pendant la phase de conception des programmes, lorsque nous avons un pilote. Je prendrai l'exemple du magazine testimonial « T'es au top », que j'évoquais tout à l'heure. C'était au départ un projet très expérimental, puisque ce type d'objet n'existait pas. Nous nous posions beaucoup de questions sur la manière dont le public allait accueillir, à la fois l'exploration des petits troubles que viennent raconter les enfants invités, mais aussi les réponses complexes qui pourraient y être apportées. La réaction des enfants a été unanime : nous avons compris que cela ne les intéresse pas tellement d'avoir des réponses et des solutions aux problèmes qu'ils peuvent se poser – la perte d'un ami, un déménagement, etc. Pour eux, le simple fait d'entendre un enfant verbaliser les difficultés qu'ils peuvent rencontrer est déjà salutaire. Dans ce cas précis, c'est le test qualitatif qui nous a permis de bien préciser l'axe de notre émission.
J'aimerais aussi revenir sur les quelques bienfaits du numérique. Il fournit des données numériques bien plus précises – le fameux big data – que celles auxquelles on était habitué sur le linéaire. Il nous permet aussi de mieux contrôler et de mieux ajuster l'offre de programmes à l'âge de l'enfant. Dès sa création, nous avons introduit sur la plateforme Okoo, qui réunit toute l'offre jeunesse de France Télévisions, un système de réglettes. Pour entrer dans l'application, l'enfant doit donner son âge, et à chaque âge correspondent des programmes, adaptés au degré de maturité de l'enfant. Cette segmentation est l'une des grandes spécificités de l'offre de France Télévisions. Historiquement, avant même la fusion de toutes les chaînes, il y avait eu une répartition par tranches d'âge : France 5 proposait des programmes pour les plus petits, France 3 pour les primaires et France 2 pour les adolescents. Nous contrôlons le contenu de nos programmes et nous partons du principe qu'il n'y a pas un public jeunesse, mais une multitude de publics jeunesse. Le degré de maturité d'un enfant en maternelle n'a strictement rien à voir avec celui d'un enfant en fin de primaire : c'est pourquoi nous proposons des programmes qui suivent les différentes étapes de l'évolution de l'enfant.
Sur la plateforme Okoo, enfin, les parents peuvent contrôler le temps d'écran de leurs enfants.