Si je n'ai pas d'éléments précis concernant le prime time, je peux tout de même affirmer que l'omniprésence du numérique, en perturbant les rythmes circadiens de l'enfant, provoque divers troubles – troubles de l'attention et des apprentissages, irritabilité... Cela relance la question des rythmes et des contenus scolaires : comment apaiser les enfants arrivant à l'école ? Certaines initiatives ont été lancées pour adapter l'école à la société, pour des raisons parfois autres – précarité, petit-déjeuner à l'école – afin de s'adresser non plus seulement à l'élève mais à l'enfant. C'est un point fondamental.
La Défenseure des droits n'a pas vocation à intervenir dans la manière dont les familles organisent la vie de l'enfant. Nous sommes là pour vérifier comment les institutions protègent le développement de l'enfant. Je souhaite toutefois formuler une recommandation : nous devons absolument changer de paradigme sur les unités d'accueil petite enfance et sur les crèches. Tous ces lieux ne doivent plus être pensés comme un mode de garde, c'est-à-dire d'abord comme un service rendu aux parents, mais comme un mode d'éveil. Je vous invite à vous rendre dans les pays proposant des unités d'accueil petite enfance, parfois jusqu'à l'âge de 7 ans : lorsque les enfants évoluent dans la nature, manipulent des objets et prennent plus de risques, ils sont en meilleure santé et, à chaque fois, on observe un éloignement des premières expositions aux écrans.
À ce premier changement de paradigme, il convient d'en ajouter un deuxième : il faut arrêter de penser le soutien à la parentalité uniquement sous l'angle du soutien aux parents défaillants. Cela doit être fait en première intention. Reporter l'entièreté de la responsabilité sur les parents, quand nos institutions n'ont plus les moyens, ne sont pas suffisamment formées ou sont organisées en silo, me semble être une erreur. La question de l'enfant doit être au cœur de l'école. Penser que l'école ne s'occupe que d'élèves est obsolète.