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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du jeudi 1er février 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Patrick Bloche, adjoint à la maire de Paris, ancien député de Paris, ancien président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Je pense à une célèbre citation d'Antonio Gramsci : « Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté. » Quant à moi, je ferai plutôt appel à l'optimisme de la volonté pour répondre à votre question.

Il ne me semble pas inéluctable que toute chaîne d'information devienne une chaîne d'opinion. Les trois chaînes d'information privées – je laisse de côté la chaîne publique, France Info – ne me paraissent pas toutes au même niveau en matière d'honnêteté, d'indépendance et de respect du pluralisme dans le traitement de l'information. Cette situation dégradée constitue à mes yeux un danger majeur pour la démocratie. On a évoqué tout à l'heure les pouvoirs que le législateur a donnés à l'Arcom pour éviter toute dérive, ainsi que celui de ne pas renouveler l'autorisation d'émettre lorsque de telles dérives sont constatées. L'autorité de régulation doit avoir conscience de ses responsabilités et en être à la hauteur.

Il ne s'agit pas de faire taire un courant d'opinion, mais de s'assurer que tous ces courants ainsi que les groupes qui les représentent ici même, à l'Assemblée nationale, peuvent s'exprimer de manière équilibrée, dans le respect des lois de la République et sans tenir de propos discriminatoires sanctionnés par le code pénal. Tel est l'objectif que devra viser l'Arcom dans la décision importante qu'elle prendra en 2025.

Les travaux de votre commission d'enquête et le rapport que vous publierez sont essentiels car ils permettront de rappeler un certain nombre de principes d'intérêt général. En cela, vous remplissez parfaitement la mission qui incombe à la représentation nationale.

De même, le Gouvernement doit parler d'une manière forte. Je déplore que les deux ministres de la République qui se sont permis de porter une appréciation sur les chaînes du groupe Bolloré, à savoir M. Pap Ndiaye, ancien ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, et surtout Mme Rima Abdul-Malak, ancienne ministre de la culture, aient fait l'objet d'une campagne aussi violente dans les médias appartenant au groupe incriminé. Je n'ose évidemment émettre l'idée que ces deux ministres aient dû quitter le Gouvernement parce qu'ils avaient pris position contre les chaînes du groupe Bolloré…

Je le répète, il revient à la représentation nationale comme au Gouvernement de veiller au respect d'un certain nombre de principes démocratiques absolument essentiels. J'ai entendu que la nouvelle ministre de la culture s'intéressait à l'audiovisuel public et envisageait la fusion, dans une même holding, de Radio France et de France Télévisions – un serpent de mer que j'ai toujours repoussé et considéré comme la plus mauvaise idée qui soit, puisque cela recréerait l'ORTF et que la radio et la télévision publiques ont des cultures et des histoires très différentes. Aussi me semble-t-il essentiel que notre nouvelle ministre rappelle, comme sa prédécesseure, la lettre et l'esprit de la loi.

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